24 août !

Il y a tout juste soixante ans, le 24 août 1958, le général de Gaulle lançait depuis chez nous, à Brazzaville, le processus de la décolonisation qui devait aboutir deux ans plus tard à l'indépendance des pays de l'AEF (Afrique équatoriale française) et de l'AOF (Afrique occidentale française). Ayant choisi, pour franchir ce pas historique, la ville qui était devenue grâce à lui la capitale de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, l'homme qui venait tout juste de reprendre les rênes de l'Etat français réparaît ainsi l'atteinte portée à la liberté des peuples africains dès le milieu du dix-neuvième siècle. Il ouvrait une nouvelle page de notre Histoire dont l'écriture dépend de nous et de nous seuls.

Soixante ans après ce geste historique, alors que le monde se transforme rapidement en raison du développement économique, des avancées technologiques, du changement des rapports de force entre les grandes puissances, de la résurgence des tensions ethniques et religieuses dans différentes régions du continent, force est de constater que les liens tissés entre l'Afrique et la France du temps de la colonisation demeurent forts. Au-delà de la langue et de la culture qui en constituent le véritable fondement, ils ont une importance sur le plan diplomatique et dans le domaine stratégique que l'on a tendance de façon générale à sous-estimer mais qui demeure bien réelle et qui, très probablement, se renforcera dans les années à venir.

Que pèserait, en effet, aujourd'hui la France dans la sphère internationale si elle ne soutenait pas directement ou indirectement, au sein des institutions de la gouvernance mondiale, les quinze pays francophones du continent en pleine émergence qu'est aujourd'hui l'Afrique noire ? Et quelle pourrait être son influence sur la conduite des affaires du monde si elle ne maintenait pas, ne renforçait pas, en dépit de ses difficultés présentes, la coopération étroite qui découla du processus de décolonisation lancé par le général de Gaulle il y a soixante ans ?