58e anniversaire de la RDC : le Dr Denis Mukwege invite à lutter pour libérer le pays

Lundi 2 Juillet 2018 - 17:15

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Pour remédier à la crise politique présente, le médecin gynécologue affirme que la solution ne se trouve pas dans des élections qu'il estime falsifiées d'avance mais plutôt dans la lutte pacifique pour la libération totale du pays.

C’est un appel à la mobilisation générale qu’a lancé, le 1er juillet, le Dr Denis Mukwege, en marge de la célébration du 58e anniversaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge. Dans un message laconique, le gynécologue congolais laisse transparaître une certaine révolte par rapport à l’évolution politique de son pays qui, selon lui, n’augure rien de bon. Il n’accorde aucun crédit aux prochains scrutins attendus au mois de décembre qu’il estime truqués d’avance. Dans ce message publié sur le site de sa clinique de Panzi (Bukavu), Denis Mukwege se dit pessimiste quant à la suite du processus électoral. Il demande aux Congolais de mettre une croix sur les élections du 23 décembre « dont on sait d’avance qu’elles seront falsifiées ».

Pour le lauréat du Prix Sakharov de la liberté de pensée 2014, il est temps que le peuple congolais qui vit « un véritable esclavage moderne » lutte pacifiquement pour la libération totale de son pays. Telle est la solution qu’il propose, quitte à s’occuper plus tard de l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes. « L’article 64 de notre Constitution nous convie tous à s’opposer à toute prise de pouvoir par la force et de lutter pour notre libération.  Celle-ci ne se fera ni par nos voisins ni par nos amis lointains et encore moins par la communauté internationale, c’est par nous-mêmes. Aucun peuple n’a jamais été libéré par un autre. L’histoire du MPLA en Angola est assez éloquente. Et aujourd’hui, l’Angola va bien; mieux que le Congo », a soutenu le gynécologue. Il a ajouté: « Nous sommes une génération qui a trahi le sang versé. Nous avons craché sur le visage de nos pères qui, eux, ont aimé ce pays et ont cru en lui ».  

Sur un autre registre, le Dr Denis Mukwege demande au peuple congolais de réclamer, entre autres, son droit à se faire soigner dans des hôpitaux équipés et par un personnel qualifié. Décrivant la situation sanitaire catastrophique dans laquelle vit le pays avec, à la clé, des « équipements qui remontent à l’époque coloniale », le médecin-directeur de l’hôpital de Mpanzi a dénoncé le fait que malgré les immenses ressources du pays, les structures de santé soient en déliquescence. « Même les cadavres dans nos morgues se décomposent au vu et au su de tout le monde sans prise en charge », a-t-il révélé.

Et de conclure en ces termes: « Rêvons ensemble de  l’avènement du jour où avec nos pères de l’indépendance nous pouvons nous réjouir d’être enfin libres; rêvons ensemble de  l’avènement du jour où nous retrouverons notre grandeur ; rêvons ensemble du jour où notre humiliation prendra fin. En ce jour-là, nous apporterons notre contribution pour la prospérité tant régionale qu’internationale. Sans l’esprit de revanche, nous travaillerons au bien commun de toutes les régions qui nous entourent. Et alors seulement, nous laverons l’affront que nous avons fait subir à nos pères que nous avons trahis ».

    

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Denis Mukwege

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