Actualités en Centrafrique

Mercredi 10 Janvier 2018 - 12:15

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 Plus de 50 000 déplacés enregistrés à Paoua

Les ONG œuvrant à Paoua, dans le nord du pays, ont déjà enregistré cinquante-huit mille déplacés dans cette ville. Les opérations se poursuivent. Les déplacés enregistrés sont ceux ayant fui les combats opposant les ex-Séléka et les éléments de RJ. De sources humanitaires, quarante-deux mille déplacés sont enregistrés. « Nous avons fait un front commun pour recenser ces déplacés. En période d’une semaine, nous avons enregistré huit mille ménages en raison de six à sept personnes par ménage. Ce matin même, certains rescapés sont arrivés, donc on risquera d’arriver à huit mille cinq cents ménages », a expliqué un personnel de l’ONG Conseil danois pour les réfugiés(DRC), contacté sur la question.

Ces déplacés viennent de plusieurs villages, selon un autre humanitaire qui a requis l’anonymat. « Les personnes que nous avons recensées viennent de cinq communes que sont Mia-Pendé, Bah-Bessar, Nana-Baria, Banh et Malé», a-t-il cité.

Selon les informations de la coordination humanitaire, les besoins déjà identifiés concernent les vivres, abris, articles ménagers essentiels, santé-nutrition, eau, assainissement et protection. « En ce qui concerne la réponse, les acteurs humanitaires sur place ont commencé à apporter de l’assistance. Elle comprend des cliniques mobiles dans les quartiers de Paoua, la distribution de tentes et d’eau. L’enregistrement des PDI se poursuit car on signale l’afflux d’environ cinquante-huit mille à Paoua », relève la source.

À l’égard de ce qui précède, Ocha organise une mission à Paoua afin de s’imprégner davantage de la situation qui prévaut sur le terrain et d’appuyer les efforts des acteurs humanitaires qui ont déjà commencé à fournir une assistance. À en croire des sources concordantes, un site est en création à Paoua pour accueillir ces déplacés. Les ONG de la localité, notamment DRC, Mentor, OIM, Oxfam, AFRBD, travailleraient avec le HCR pour leur apporter une assistance. Cet afflux vient tripler l’effectif des habitants de Paoua qui s’élève à environ vingt et un mille personnes.

 

 Plusieurs villages de Batangafo attaqués et des habitations incendiées

Trois villages proches de Batangafo ont été attaqués entre le 31 décembre et le 1er janvier 2018. Les organisations humanitaires ont enregistré des maisons incendiées et déploré l’absence d’assistance humanitaire. La ville de Batangafo a connu un regain de violence depuis son occupation par les branches Séléka et les factions Anti-Balaka qui écument la région. La situation sécuritaire très difficile dans la région empêche les organisations humanitaires à apporter leur appui à la population vulnérable.

Une source proche de la ville a relevé que la situation sécuritaire reste précaire du fait de l’absence des organisations humanitaires. « Aucune action humanitaire n’a été enregistrée. Les localités incendiées restent sinistres, les activités champêtres, scolaires, commerciales, entre autres, sont bloquées. Les déplacés n’ont reçu aucun appui humanitaire, parce que l’accès dans cette zone est difficile », a décrit cette source sous couvert de l’anonymat.

Un habitant a confirmé que plusieurs personnes sont tuées, « il est difficile à l’heure actuelle d’enregistrer le nombre de personnes tuées. Ces assaillants ont occupé les villages et sévissent partout. Nous avons constaté la présence d’une ONG qui est passée pour effectuer un constat et faire l’état des lieux ».

Les habitants se disent abandonnés, parce que la présence de Minusca dans la localité n’a pas pu dissuader les groupes armés, à cela s’ajoute le faible niveau de leur patrouille.

 

 L'armée toujours pas sur pied

Après la formation des Forces armées centrafricaines, deux bataillons fortes de 1.300 soldats attendent leur déploiement sur le terrain. Trois autres compagnies sont en cours de formation depuis bientôt une année.

Depuis l’avènement de la coalition rebelle Seleka au pouvoir en 2013, la RCA a vu son système de défense profondément déstabilisé. Quatre ans plus tard, l'armée nationale n’est toujours pas sur pied. C'est un défi de reconstitution qui incombe à la mission européenne de formation et de conseil aux forces armées centrafricaines, connue sous l'acronyme d’EUTM. Deux bataillons forts de 1.300 soldats sont entièrement formés et attendent leur déploiement sur le terrain. Trois autres compagnies sont en cours de formation au Camp Kassaï, principal centre d’instruction militaire de la capitale centrafricaine où la formation assurée par l'EUTM se déroule depuis près d’un an.

Respect des droits de l'Homme

Le lieutenant Zadanga Frédéric Stève, du Bataillon d'Amphibi, dispense à l’intention des officiers et sous-officiers un cours sur le droit international humanitaire et la prévention des violences sexuelles au sein des Forces armées centrafricaines (Faca). « Pendant la guerre, il faut savoir tirer sur l’objectif militaire qui est l’ennemi et non la population civile ni ses biens. Et aussi, on a parlé de la prévention de la violence sexuelle, il faut former nos hommes dans ce domaine pour qu’il n’y ait pas de violence sexuelle. Et ce sont donc ces officiers de l’EUTM qui nous ont formés. A ce propos, on a déjà plus de 1 496 militaires formés dans ce domaine », a expliqué l'instructeur militaire.

Une autre rubrique au menu de la formation : le renseignement. Un cours dispensé par le commandant Bissaro, officier de l’armée roumaine. « Ce matin, nous assistons à une formation complémentaire en renseignement. Deux semaines de formation générale et une semaine pour la formation spécialisée seulement en renseignement. La prochaine phase sera donc le redéploiement dans l’armée centrafricaine. », a ajouté l'instructeur.

Simultanément à ces cours théoriques, il y a la phase pratique qui accompagne l'entraînement des soldats avec le lieutenant Xavier, instructeur de l'EUTM. « Actuellement nous sommes en train de former le DDR. Il s’agit de la partie militaire. Ce sont donc d’ex-rebelles qui sont réintégrés dans les forces armées de Centrafrique. Il y en a un peu de tous les niveaux. Mais globalement, la formation avance assez correctement. Après une séance d’évaluation finale, ils seront donc repartis dans les différents bataillons de l’armée nationale. », a indiqué le lieutenant.

La formation des Faca, organisée et financée par l’Union européenne, devrait être renforcée par la Russie qui vient de faire une livraison d’armes légères à la RCA. « Nous sommes vraiment contents avec la donation qu’a faite la Russie. C’est une manière de réopérationnaliser les Faca qui ont besoin de ces équipements, de ces armes pour pouvoir se mettre en place, aller aux côtés de la Minusca et travailler ensemble pour la sécurisation de la population centrafricaine », a dit, pour sa part, le général Fernando Garçià Blàzquez, commandant de la force EUTM en fin de mission.

Josiane Mambou Loukoula et RJDH

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