Adoption des enfants à Pointe-Noire: la présidente de l’association Sodios s’insurge contre des pratiques douteuses

Samedi 9 Décembre 2017 - 18:00

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Bernadette Bephangayahou, gestionnaire de l'orphelinat Lumière de l’Espérance, lance un cri du cœur pour que cessent des méthodes illégales d'adoption des enfants, très récurrentes et plus qu’inquiétantes dans la capitale économique du Congo.

La présidente de la Fondation Sodios a levé la voix après la récupération dans son orphelinat, six mois après, de Bel-Ange Christophe Ys Lounick, à la suite d’une main levée dolosive délivrée par la présidente du tribunal pour enfants, et exécutée par un huissier de justice accompagné de la force publique.

De parents inconnus,  cet enfant est né le 7 mai 2017. Il jouit de l’association Sodios, située à Ngoyo, d’un placement administratif auprès du juge des enfants. Il y a trois mois, l’orphelinat  a reçu d’une dame un appel téléphonique  lui demandant de vouloir adopter un enfant. Arrivée sur place, tous les documents et renseignements concernant l’adoption ou le parrainage lui ont été présentés. Il lui a été signifié, en plus, que la procédure d’adoption ne peut commencer qu'après les six mois révolus de l’âge de l’enfant  une fois considéré comme pupille de l’Etat.  

Cette dame, établie en France, devait enclencher la procédure légale dans ce pays pour la délivrance de l’agrément et le rapport psychologique. Seulement, rien n’y fut fait jusqu’à ce jour mais la dame a argué  qu’elle avait une personne au tribunal qui pouvait diligenter l’affaire autrement. Contre toute attente, c’est l’huissier de justice accompagné de la force publique qui vont récupérer le bébé à l’orphelinat  Lumière de l'Espérance pour l'amener chez la dame, sans suivre la procédure réglementaire en la matière, foulant ainsi au pied la loi n° 04 -2010 du 10 juin 2010 portant Protection de l’enfant en République du Congo. Cette loi stipule, en son article 3,  que « l’intérêt supérieur de l’enfant est sa considération primordiale dans toutes les mesures et décisions le concernant ».

Des cas récurrents d'enlèvement d'enfants dans les orphelinats

Ce cas n’est malheureusement pas anodin en matière d’adoption illégale des enfants à Pointe-Noire. En 2014, un bébé de neuf mois, de sexe féminin, abandonné à Mpaka,  a été déposé à l’orphelinat par les services de gendarmerie de ce quartier. Quelque temps après, il a été récupéré de force par la force publique accompagnée  d'un huissier de justice sur simple présentation d'une main élevée et l’ordonnance de placement provisoire au nom d’une dame qui devenait, de facto, sa maman. Toutes les tentatives pour récupérer cet enfant sont restées infructueuses à ce jour.

Le bébé Saint Bernard,  abandonné par sa mère deux heures après sa naissance et déposé par la gendarmerie à Lumière de l’Espérance, a été récupéré par la force publique et  un huissier de justice de la même façon. « Pire encore explique Bernadette Bephangayahou, les enfants mineurs en danger, ceux qui subissent  des sévices corporels graves de la part de leurs parents, que nous recevons par le biais des commissariats et les services gendarmerie, amenés  devant la juge des enfants, sont remis à leurs parents bourreaux sans raison évidente. Aussi nous demande-t-elle avec l’orphelinat Village mwana de ne plus exercer ce service social et de placer les enfants  au centre social Jean-Baba alors que ce dernier n’a qu’une capacité de dix places », a regretté la présidente de Sodios.

Des jumeaux déposés par les services de la gendarmerie, en mai 2017, ont été remis à des tiers sur simple main levée. Le 10 août de la même année, une fillette retirée à l'orphelinat a été placée à la pouponnière Jean-Baba et quelque temps plus tard, elle se retrouvait chez une des familles d’accueil sans explications.

Récement le 5 décembre, un huissier de justice accompagné de la force publique ont récupéré à l’orphelinat un bébé, reçu cinq jours après  sa naissance par le biais de la gendarmerie et régularisé par un placement administratif auprès du juge des enfants.

Ces pratiques  éhontées ont poussé Bernadette Bephangayahou à interpeller les autorités du département et du pays, en particulier le ministère de la Justice, pour qu'elles prennent fin dans les orphelinats. « Aujourd’hui, nous avons peur d’aller déclaré un bébé au tribunal des enfants pour ne pas le voir, les jours qui suivent, être récupéré  par des tiers avec un simple placement provisoire. Ces transactions douteuses mettent l’enfant en danger car il est sacrifié et on lui vole ce qu’il a de plus cher, sa dignité » a-t-elle conclu.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Bernadette Bephangayahou, présidente de l'association Sodios Photo 2: Le bébé Bel Ange crédit photo"Adiac"

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