Affaire Hissène Habré : de solides preuves à présenter au tribunal

29-06-2015 19:54

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Au cours d’une conférence de presse le 29 juin à Dakar, au Sénégal, la présidente du collectif des avocats des victimes de Hissène Habré, Jacqueline Moudeina a évoqué la pertinence de ces preuves et noté que  le procès y relatif qui se tiendra le 20 juillet « marquera un tournant pour la justice en Afrique »

« Les preuves qui seront présentées au procès sont solides, surtout les documents de la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, police politique tchadienne) qui démontrent qu’il y avait un lien direct de supérieur à subordonné entre Habré et la direction de la DDS », a assuré l’avocate. « Ce procès sonnera comme un signal d’alarme pour tous les dictateurs qui devront un jour être rattrapés par leurs crimes », a-t-elle souligné, ajoutant que plus de 4000 victimes directes et indirectes seront parties civiles au cours des audiences. Le tribunal a également prévu « de faire comparaître 100 témoins qu’il a pris en charge », a précisé l’avocate.

L’ancien président tchadien est détenu depuis juillet 2013 à Dakar, où il a trouvé refuge après avoir été renversé en 1990 par l’actuel président Idriss Deby Itno. Poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture pendant sa présidence (1982-1990), Hissène Habré doit comparaître le 20 juillet au Sénégal devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), un tribunal spécial créé par l’Union africaine (UA) à la suite d’un accord avec ce pays, mais que l’ex-chef de l’Etat ne « reconnaît pas ». Il est donc accusé d’être responsable de plusieurs milliers d’assassinats politiques et de recours systématique à la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad.

Le tribunal spécial créé par l’Union africaine après la signature d’un accord avec le Sénégal en décembre 2012 est présidé par le Burkinabè Gberdao Gustave Kam, assisté de trois juges sénégalais. En 2013, le Tchad et le Sénégal ont signé un accord devant permettre aux juges du tribunal de mener des enquêtes à travers le Tchad. Depuis quelque temps l’on sait qu’une commission d’enquête sur les crimes et détournements a estimé plus de 40 000 le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours de la présidence d’Hissène Habré.

Hissène Habré a été arrêté le 30 juin 2013 à Dakar, puis inculpé le 2 juillet de la même année par le tribunal spécial avant d’être placé en détention préventive. Lors de sa présentation pour interrogatoire d’identité devant la Justice le 3 juin dernier, il avait, selon son avocat, refusé de parler.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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