Africajarc 2014 : trois soirées musicales mémorables

Samedi 2 Août 2014 - 0:15

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Pas d’intempéries cette année et une programmation musicale réussie pour le festival Africajarc édition 2014. Le festival, qui s’est ouvert le jeudi 24 et clos le dimanche 28 juillet dans le département du Lot, à Cajarc, a tenu toutes ses promesses !

Comme chaque année, les soirées étaient animées par le duo de choc Élie Lemboussou et Roch-Amedet Banzouzi de la compagnie Punta Negra, dont l’humour et l’énergie ne sont plus à prouver et par le grand Soro Solo, l’oncle de l’émission de radio hebdomadaire L’Afrique enchantée sur France Inter. La seizième édition du festival des cultures africaines a connu trois soirées de concert magiques.

Les femmes à l’honneur

Angélique Kidjo

Le vendredi 25 juillet, les artistes féminines africaines étaient en effet à l’honneur lors de la soirée intitulée Èves d’Afrique, avec Houria Aïchi, Angélique Kidjo et Séna Dagadu. Dans l’après-midi déjà, la chanteuse congolaise Alvie Bitemo s’était produite sur la scène du Bord du Lot et avait invité le public à travers ses chansons à soutenir les femmes en difficulté, à l’image de ce qui se déroule actuellement au Kivu. Sa voix puissante et ses reprises de Michael Jackson et Tracy Chapman ont fait mouche, affaire à suivre !

Sur la grande scène, la soirée a démarré par le concert de la chanteuse berbère Houria Aïchi qui a envouté le public de son chant mélodieux et profond. La grande Angélique Kidjo a ensuite pris place avec ses musiciens et n’a pas failli à sa réputation : une voix et une présence incroyables, une femme de poigne. La diva béninoise n’a pas hésité à se faufiler dans la foule pour faire chanter en chœur le public et à faire monter sur scène une dizaine de personnes qui ont pu démontrer leur talent de danseur. Elle a présenté son nouvel album, Ève, et a sensibilisé le public à la place capitale de la femme en Afrique. Séna Dagadu a eu le privilège de clore cette belle soirée, une révélation scénique qui a convaincu le public par le métissage de ses influences : la chanteuse est née au Ghana et vit en Hongrie et mêle soul, funk, hip-hop et afrobeat avec grand talent.

Soirée 100% Afrique centrale

Black BazarPlace ensuite à l’Afrique centrale lors de la grande soirée du festival, le samedi 26 juillet. Le groupe Black Bazar initié par l’écrivain congolais Alain Mabanckou a débuté cette soirée de concert au son de son deuxième opus sorti cette année, Round 2, et a ambiancé le public avec les chorégraphies désormais célèbres Démarrer moto, Toucher les lolos, Position de tir. Le Black Bazar, égal à lui-même, a fait monter la température ! Le soulman rwandais Corneille les a remplacés pour la dernière date de sa tournée à l’occasion de la sortie de son dernier album, Entre Nord et Sud. Sa voix, bien que fatiguée, gardait toute sa singularité. Les Kinois de Jupiter & Okwess International ont terminé cette grande soirée avec un set endiablé et électrique. Le géant dégingandé accompagné de ses musiciens excentriques a conquis le public avec la fusion de plusieurs rythmes traditionnels de RDC avec le rock brut des années 1970 dans lequel il a baigné durant son adolescence. Le résultat, le Bofenia Rock, qu’on peut entendre dans son album Hôtel Univers est bluffant. Un artiste à voir sur scène absolument !

Une clôture en beauté

Bal de l'Afrique enchantée

La « soirée à deux bals » faisait place au groupe Debademba et au bal de l’Afrique enchantée. Le premier groupe formé par le guitariste virtuose, le burkinabé Abdoulaye Traoré et le chanteur griot malien Mohamed Diaby, connaît depuis l’an passé un grand succès avec son premier album, Souleymane, et ce succès ne s’est pas démenti à Cajarc, passant habilement du highlife au rock avec une touche mandingue. Le bal de l’Afrique enchantée, spectacle issu du concept de l’émission de radio éponyme, a fini par mettre le feu sur scène en revenant sur les grands succès de la musique africaine grâce au groupe Les Mercenaires de l’ambiance. Soro Solo, Vladimir Cagnolari, la nièce Hortense et le chanteur Ballou Kanta nous ont emmenés des Jaloux Saboteurs au Moustique de Zao en passant par le grand Fela Kuti. Un plaisir à déguster sans modération dans une bonne humeur assurée !

Le festival Africajarc, ce n’est pas seulement de la musique
Le programme est pluridisciplinaire et extrêmement riche : du cinéma, avec la présence exceptionnelle du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako sélectionné cette année au festival de Cannes ; la projection de l’excellent documentaire Atalaku du Congolais Dieudo Hamadi sur les élections qui ont eu lieu en 2011 en RDC, ou de celui de Laurène Lepeytre, Journalistes, vos papiers !, sur le sort des journalistes demandeurs d’asile en France ; du conte avec le spectacle de Gabriel Kinsa ; des expositions avec le beau travail de l’illustrateur camerounais Christian Epanya, proche de l’art populaire avec ses moto-taxis, ou du Congolais Melain N’Zindou qui a travaillé à partir de matériels de récupération ; des ateliers de dessin, de bande dessinée et d’argile avec le collectif L’Afrique dessinée représenté par Adjim Danngar, Christophe Ngalle Edimo, Simon-Pierre Mbumbo et Adjé Atikossi ; des déambulations en musique avec la fanfare béninoise Gangbé Brass Band ou la compagnie congolaise Punta Negra et de nombreuses conférences au Grin littéraire.

Pauline Pétesch

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Angélique Kidjo. (© Adiac) ; Photo 2 : Black Bazar. (© Adiac) ; Photo 3 : Le Bal de l'Afrique enchantée. (© Adiac)