Afrique de l'Ouest : cinq cents millions d’armes circulent en toute illégalité

Mercredi 21 Novembre 2018 - 13:21

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Les  rapports de certaines agences du système des Nations unies font état d'une proliferation des armes en Afrique de l'Ouest, devenue la plaque tournante des réseaux criminels.

Selon l'ONU, quelque 500 millions d’armes légères illicites circulent en Afrique de l’Ouest. De même, l’OCDE a publié en 2018 un rapport inquiétant sur la prolifération des armes dans cette region. «Le trafic d’armes à feu alimente le commerce illicite, dans une région en proie aux groupes armés, aux conflits et au terrorisme», constate le rapport. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc) dénonce également une circulation facile et sans contrôle des armes à feu dans cette partie du continent africain. Un trafic alimenté par les conflits armés en Libye en 2011 et au Mali en 2012, ''empirant'' la zone, selon l’Unodc qui souligne des capacités de stockage et de sécurisation des armes limitées, en raison du manque de savoir-faire et de moyens logistiques.

Le Nigeria est indexé par la prolifération d'armes illicites, notamment à cause du groupe islamiste Boko Haram. Le Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement estime à plus de 350 millions les armes légères et de petits calibres qui y circulent (pistolets, fusils d’assaut et armes semi-automatiques). ''Cela représente environ 70% des 500 millions d’armes de ce type, présentes dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest'', à en croire son directeur, Anselme Yabouri. L’effondrement du régime libyen en 2011 aurait contribué à cette prolifération.

L'autre source des armes provient des stocks des armées gouvernementales. C'est le cas des armes trouvées dans les mains des groupes djihadistes du Nord-Mali. Elles sont issues en majorité, ''de l’armement issu du pillage des casernes de l’armée malienne'', selon le rapport de Conflict Armament Reseach. L'Unodc parle ''d'achat ou/et de location des armes à des éléments corrompus de la police et des forces armées''. Le général Francis Behanzin, commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité, déplore l’impuissance des gouvernements face à l’explosion de la criminalité transnationale. ''Le crime organisé dispose de moyens colossaux. Il est parfois mieux organisé que les Etats eux-mêmes'', a-t-il précisé. Certains cartels n'hésitent pas à utiliser les ports pour importer des armes. Les seize pays de l'Afrique de l'ouest ont mis en place une plateforme électronique d'échange de données, les services de sécurité nationaux, la sipao, pour enrayer le fléau.

Noël Ndong

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