Afrique du Sud : le président Jacob Zuma jette l’éponge

Jeudi 15 Février 2018 - 16:00

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Décrié au sein de sa propre formation politique, le Congrès national africain (ANC), le chef de l'Etat a finalement accepté de démissionner le 14 février, après neuf années de présidence marquées par des scandales de corruption.

« Aucune vie ne devrait être perdue en mon nom. Mais aussi, l’ANC ne devrait jamais être divisé en mon nom. J’en suis arrivé à la décision de démissionner de mon poste de président de la République, une décision à effet immédiat. Même si je suis en désaccord avec le leadership de mon organisation. », a déclaré Jacob Zuma à la fin d’une adresse à la nation.
« Je dois accepter que mon parti et mes compatriotes veulent me renvoyer. J’ai toujours été un membre discipliné de l’ANC. Aussi longtemps que je vivrai, je continuerai à servir le peuple sud-africain mais aussi l’ANC, l’organisation que j’ai servie toute ma vie. », a-t-il poursuivi.
Cette démission intervient après plusieurs négociations au sein de l’ANC, des discussions qui portaient également autour des indemnités qu’allait percevoir le désormais ex-président de la Nation arc-en-ciel. En effet, son sort est scellé depuis plusieurs jours déjà au sein de l’ANC, dont il a été le mâle dominant pendant dix ans. La faction de son rival, Cyril Ramaphosa, a pris la présidence du parti en décembre 2017.
Quelques heures avant son allocution d’adieu au pouvoir, Jacob Zuma s’est invité sur la chaîne de télévision publique "SAB"C pour dire toute sa rancœur à l’endroit de la direction de l’ANC.
« J’ai trouvé très injuste que la question de ma démission soit posée. Je ne suis pas d’accord car il n’y a aucune preuve que j’ai fait quoi que ce soit de mal . », s’est-il plaint lors d’un long entretien à bâtons rompus. Avec force détails, il a expliqué être convenu avec Cyril Ramaphosa de partir en douceur « après le mois de juin ». Mais, a-t-il affirmé, la nouvelle direction de l’ANC lui a ensuite assuré qu’une frange du parti refusait cet accord et qu’il devait partir plus tôt.
L’opposition, qui a vainement tenté depuis des années de pousser vers la sortie celui qu’elle appelle le « délinquant Jacob Zuma », a applaudi dès l’annonce de sa démission. « Jacob Zuma a fait beaucoup de mal à notre pays (…). Sous son règne, la corruption a fleuri au point de presque détruire notre pays. », a déclaré Mmusi Maimane, le chef de l’Alliance démocratique.
En Afrique du Sud, la légitimité du chef de l’Etat tient de son seul parti: en l’absence du scrutin présidentiel au suffrage universel direct, ce sont les députés qui l’élisent.
En 2008, il y a déjà eu un précédent. Le même Jacob Zuma, alors à la tête de l’ANC, avait contraint le chef de l’Etat Thabo Mbeki à écourter son mandat de président de huit mois. Le parti lui avait ordonné de quitter sa fonction et il avait obtempéré.
Le vice-président, Cyril Ramaphosa, devrait être élu le 16 février par le parlement pour succéder à Jacob Zuma, dont l’avenir judiciaire est incertain. Sitôt investi, Cyril Ramaphosa doit prononcer le discours sur l’état de la nation dont son prédécesseur a été privé la semaine dernière pour cause de crise.
 

Yvette Reine Nzaba

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