Afrique: gagner la bataille de l'électrification en dix ans

Mardi 24 Mai 2016 - 17:15

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À l'ouverture, mardi 24 mai, des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), à Lusaka, la capitale zambienne, le défi d'éclairer le continent et lui fournir de l'énergie a dominé la thématique des discours officiels.

Le délai pour atteindre cet objectif ambitieux est de dix ans, ainsi que l'a déclaré le président de l'institution. Délai bref tout de même, mais Akinwumi Adesina y croit fortement tablant à la fois sur la volonté qui anime la Banque, les potentialités  dont regorge l'Afrique, le soutien des dirigeants ainsi que l'appui des partenaires au développement. Ces partenaires ce sont, a t-il rappelé en passant, l'Union africaine, l'Union européenne, les États-Unis, la Chine, le Royaume uni, l'Inde et la Corée.

Pour le ministre zambien des finances, Alexander Chikwanda, qui préside le Conseil des gouverneurs de la BAD, l'accès à l'électricité pour tous est le défi commun  à relever par les 54 Etats africains pour arrimer le continent au train de l'émergence. Il précédait Akinwumi Adesina qui, totalement décomplexé sur la question, a débuté son intervention en rappelant le combat de l'Afrique pour sa libération, notamment contre le régime d'apartheid, en Afrique du Sud. Et pour cause. La Zambie, pays hôte des assemblées 2016 de la BAD figure parmi les pays de l'Afrique australe que l'on disait de la ligne de front du temps de la lutte contre la ségrégation raciale.

Mais le front qui compte aujourd'hui, a expliqué le président de la BAD est bien celui de moderniser l'Afrique. Il passe par la mobilisation des moyens autour des priorités que s'est fixée la BAD, et qui en font pour les officiels  invités à cette cérémonie un interlocuteur privilégié pour les pays africains. Parmi ceux-ci, le président zambien, Edgar Lungu, ses homologues rwandais, Paul Kagame et tchadien, Idriss Deby Itno.

Intervenant en sa qualité de président en exercice de l'Union africaine, le chef de l'Etat du Tchad s'est appesanti sur les potentialités du continent, et donc une opportunité pour en assurer le développement, mais il a aussi énuméré les défis auxquels l'Afrique fait face actuellement: la chute des prix des matières premières, la crise alimentaire, le réchauffement climatique et le terrorisme. "L'Afrique doit croire en elle" a répété Idriss Deby avant de prendre l'engagement au nom de ses homologues chefs d'Etat d'apporter tout son soutien au programme de la BAD pour le développement de l'Afrique décliné en cinq grandes priorités ( voir texte sur la conference de presse du président de la BAD).

À son tour, le président Edgar Lungu, qui a abondé dans le même sens voudrait voir l'Afrique devenir "un acteur central de l'économie mondiale". Ce qu'elle est loin d'être aujourd'hui avec les nombreux déficits listés par les experts et les partenaires de la BAD dans plusieurs domaines: énergie, agriculture, technologies, emploi des jeunes, entrepreneuriat des femmes, et qui occuperont leurs débats.

Pour montrer combien les assemblées annuelles de la BAD gagnent en importance et en symboles, notons la présence de nombreux dirigeants ou leurs représentants, d'anciens chefs d'Etat africains, comme le Ghanéen John Kufor, les zambiens Kenneth Kaunda et Rupiah Banda, ou encore  l'ancien SG de l'ONU, Kofi Annan, des délégations venues de par le monde.

Et cette solennité de la cérémonie d'ouverture marquée par l'exécution de l'hymne national du pays hôte, et tout juste après - la Zambie est un pays pieux- la prière pour implorer la miséricorde du Très Haut dite par un officier habillé vareuse et galons de façon très remarquable.

 

Les larmes du petit Kelvin

Inventeur à l'âge de douze ans, Kelvin, de nationalité sierra-léonaise, était la vedette de la cérémonie d'ouverture des assemblées annuelles de la BAD. Il a eu l'exploit de fabriquer des batteries à partir des débris d'on ne sait quoi ramassés dans les poubelles.  De fil en anguille, il est parvenu à fabriquer un groupe électrogène qui alimente des téléphones portables alors que certaines de ses autres trouvailles ont permis d'électrifié son village.

De là il a fait le voyage des Etats-Unis à l'invitation des hôtes impressionnés par ses travaux. Il emporte un tel succès lors de sa réception au point de faire dans l'humour dont sont friands les Américains en déclarant qu'il avait été mieux applaudi que le président Barack Obama lors de son investiture à la tête de la Maison Blanche.

À Lusaka, le président de la BAD l'a cité en exemple des réussites africaines, de l'espoir qu'il faut y garder. Une séquence du film de son aventure de jeune ingénieur a été déroulée dans la salle. Il y était. On l'invite à se montrer en public, à serrer la main des chefs d'Etat à la tribune. Étreint à tour de rôle par ces derniers, Kelvin, âgé de 19 ans aujourd'hui, a quitté la tribune en sanglots. Enfin, il n'a pas pu retenir son émotion. " Des enfants comme vous méritent de serrer la main des chefs d'Etat" commentait, égayé, le président de la BAD.

De notre envoyé spécial à Lusaka, Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1° La tribune officielle à l'ouverture des assemblées; Une vue de la salle; le jeune Kelvin serrant la main du président de la Bad/ photos Adiac

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