Afrique : la France renforce son aide au développement

Mercredi 5 Septembre 2018 - 14:31

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Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a annoncé, le 3 septembre à Paris, la hausse d’un milliard d’euros de son aide au développement en 2019 destinée aux pays pauvres et fragiles.

« L'Afrique et les pays les moins avancés en seront les premiers bénéficiaires (...), notamment l'ensemble Sahel qui est essentiel », a déclaré Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse au siège de l'Agence française de développement (AFD) à Paris, citant « dix-huit pays africains et Haïti » ciblés.

L'aide française se faisait principalement ces dernières années sous la forme de prêts à destination de pays émergents solvables. Elle va désormais être en partie réorientée « vers les pays pauvres et fragiles », grâce à un quadruplement des dons qui passeront de trois cents millions d'euros à 1,3 milliard l'an prochain.

Par secteur, « jusqu'à la moitié de l'enveloppe supplémentaire, c'est à dire cinq cents millions d'euros, pourra être allouée à l'éducation, à la jeunesse, à l'égalité femme-homme, à la santé et à la nutrition. Autres grandes priorités, le climat et la biodiversité d'une part, le traitement des crises et des fragilités d'autre part (...) bénéficieront chacune d'environ deux cents millions d'euros supplémentaires. Le solde sera consacré aux questions de gouvernance », selon l’homme du Quai d’Orsay venu débattre de la nouvelle politique d’aide de la France.

A ses côtés, le directeur général de l'AFD, Rémy Rioux, a salué « une inflexion tout à fait historique » tout en reconnaissant « un gros défi » à relever pour ses services. « Il faut qu'on arrive à susciter, à structurer, à instruire un nombre beaucoup plus élevé de projets », a-t-il signifié, ajoutant: « Tout notre réseau est en train d'identifier des nouveaux projets et d'accélérer nos procédures ».

L'AFD va bientôt intégrer en son sein les techniciens d'Expertise France qui a créé un fonds d'investissement de six cents millions d'euros avec la Caisse des dépôts. Elle est désormais capable de donner, de prêter, de financer et d'expertiser. Elle développe une ambition nouvelle, avec une priorité, l'Afrique. « On a recruté plus de cinq cents nouveaux collaborateurs depuis deux ans. Donc, on faisait huit milliards d’euros au moment de la Cop21 en 2015, on est passé à dix milliards et on vise quatorze milliards l’année prochaine en 2019. On est donc en pleine transformation et la maison change de format », souligne son directeur général.

Le président Emmanuel Macron s'est engagé à doper l'AFD, tombée à 0,38% du revenu national brut en 2016, pour la faire passer à 0,55% à la fin de son quinquennat, en 2022. Ce niveau reste toutefois en-deçà de l'objectif international de 0,7% atteint par le Royaume-Uni et l'Allemagne.

Le renforcement de l'aide française « marque la volonté de retour de la France » sur ce terrain, a déclaré Jean-Yves Le Drian. « Dans un monde où les logiques de puissances s'expriment de plus en plus fortement, notre aide au développement crédibilise évidemment notre parole et notre action politique et diplomatique », a-t-il souligné. Ainsi, la France entend mettre les bouchées doubles pour concurrencer la Chine- grand maître-, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Le ramdam diplomatique auquel se prêtent les grandes puissances annonce-t-il les signes avant-coureurs du développement de l’Afrique ? L’avenir nous en dira tant.

 

Josiane Mambou Loukoula

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