Afrique subsaharienne : des assurances indicielles face à la lutte contre la sécheresse

Mardi 3 Avril 2018 - 17:14

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Le nouveau type de produit aide les agriculteurs africains à faire face aux conséquences du réchauffement climatique, en les assurant à moindre coût et en fonction des indices météorologiques.     

 

 

 

 

 

 

L’Afrique subsaharienne fait actuellement face à de multiples projets visant à développer les assurances indicielles, à partir des indices climatiques tels que le niveau de précipitations ou des températures, a-t-on appris.

Au contraire des assurances classiques où le remboursement s’effectue sur la base de pertes de récoltes constatées, ces mesures visent à prévenir les effets des incidents climatiques sur les agriculteurs, en leur versant une indemnité en amont de l’incident. Ces assurances indicielles se présentent comme une réponse au changement climatique qui va certainement affecter certaines régions d’Afrique subsaharienne, en y rendant plus fréquentes les sécheresses. Parmi les avantages cités par ces produits, il y a le coût moins cher, donc plus  accessible aux petits agriculteurs, qui représentent une large part dans les pays de la région.

Faute de données fiables orientées aux aléas climatiques et aux petits agriculteurs des pays du sud en vue de la sécurisation de leurs cultures, les assurances indicielles peinent à s’installer en Afrique subsaharienne.

Une dizaine de projets couvrant une vingtaine de pays sont actuellement en cours, sous l’égide de la Banque mondiale, en vue de développer ce type d’assurance. Sous la coordination du réseau PlaNet guarantee, quelques initiatives sont en train d’émerger en Afrique de l’ouest, notamment au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, et au Sénégal, pour créer des produits d’assurance indicielle, qui seront vendus à des acteurs privés (instituts de microfinance). L’objectif est double : stabiliser les revenus des agriculteurs et leur permettre de financer leur activité.

Pour Anne Durez, responsable marketing de PlaNet guarantee, « l’assurance indicielle est une garantie pour les instituts de microfinance. Ces instituts peuvent prêter plus pour que la personne achète plus d’intrants et ait un rendement supérieur ».

Malgré des résultats encourageants, les assurances indicielles rencontrent des résistances, tant de la part des agriculteurs que de celle des instituts de microfinance assureurs. D’abord en raison d’un « manque de compréhension et de confiance dans le système d’assurance. […] Les producteurs ne comprennent pas du tout l’intérêt de l’assurance », indique Antoine Leblois, chercheur à l’INRA. Ensuite, du côté des assureurs, du fait de « l’imperfection de l’indice », qui n’est pas directement lié aux rendements agricoles. Il y a également le poids du secteur informel, via les tontines.

Du coût, il y a un risque pour ces assurances dont la raison d’être est le changement climatique, au cas où les paiements aux agriculteurs deviendraient plus récurrents. Ce qui pourrait mettre en péril la viabilité du système. Anne Durez propose que le produit de l’assurance soit recalculé tous les ans. La hausse du risque de sécheresse devant rendre le prix de « plus en plus cher ». Ce qui pose la question de l’accès souhaité du plus grand nombre à ces assurances.

La solution serait la « mutualisation des zones », selon Anne Durez, celles non touchées par la sécheresse pouvant compenser les pertes de celles affectées.

 

Noël Ndong

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