Afrique : urgence d’une diversification des sources énergétiques avec le changement climatique

Samedi 24 Février 2018 - 14:31

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La sécheresse qui gagne du terrain dans la région, avec des pluies de plus en plus rares, devrait conscientiser les dirigeants africains à initier des politiques visionnaires de réduction de la dépendance à l’hydroélectricité. C’est la pire sécheresse qui affecte l’Afrique depuis près d’un siècle.

Le 21 février, plusieurs délégations africaines ont afflué vers Johannesburg, en Afrique du Sud, pour participer à une conférence sur la diversification des sources énergétiques. L’on signale la présence massive des pays qui dépendent en grande partie de l’hydroélectricité. Les derniers changements du climat expliquent cette affluence. En effet, depuis quelques années déjà, une bonne partie de la région est gagnée par la montée des sécheresses qui impactent négativement la sécurité alimentaire et la desserte en électricité. Le phénomène météorologique El Nino a frappé durement le continent de 2015 à 2017. Des chiffres circulent déjà, le cas de la Zambie qui n’a produit que 1 000 MW à cause de la sécheresse. Ce pays était l’un des plus dépendants de l’hydroélectricité en Afrique. En effet, l’énergie zambienne était produite à 99 % par ses barrages. Mais il y a une bonne nouvelle. Le pays a réussi à faire passer la part de l’hydroélectricité à 85 % à la suite des investissements dans les centrales thermiques à charbon et des centrales électriques. À l’instar de la Zambie, d’autres pays de la région ont investi dans la diversification énergétique.

Qu’en est-il de la RDC ? Sur ce point, nous pouvons déjà dire que seulement 4 % de la capacité totale de production viennent effectivement des centrales thermiques, mais leurs équipements sont coûteux et dispersées parfois dans les zones isolées. L’on cite les provinces de l’ex-Bandundu, l’ex-Équateur et l’ex-Kasaï. Le reste de la production est essentiellement hydroélectrique. La particularité de l’énergie hydroélectrique congolaise est la présence de plusieurs sous-réseaux électriques qui ne sont pas interconnectés. Par conséquent, l’on retrouve une multitude de réseaux locaux organisés autour des centres urbains et des installations industrielles du pays. Il s’agit des réseaux qui ne peuvent malheureusement assurer le développement des activités diversifiées. Malgré la complexité du dispositif électrique, le pays affiche l’un des plus faibles taux d’accès des ménages à l’électricité.

Deuxième en puissance après l’Amazonie, le fleuve traverse une bonne partie du vaste territoire national. Il est indiscutable que l’hydroélectricité reste le moyen majeur d’aider les autorités congolaises à relever le défi de l’accès à une électricité fiable à tous les groupes sociaux. L’on comprend dès lors toute l’attention portée sur la construction des nouvelles centrales hydroélectriques : Katende, Kakobola, Zongo II et Ruzizi III. Sans doute la plus grande faiblesse est que la majorité (plus de 60 %) de la longueur totale des lignes de distribution se trouve dans deux provinces, le Kongo Central et Kinshasa. Quant au reste, l’ex-Katanga, province minière, en compte un peu plus de 10 %. En d’autres termes, les lignes moyenne et basse tension se concentrent dans cette infime partie du territoire national.

Pour clore ce chapitre, parlant un peu des énergies renouvelables, un concept en vogue mais qui reste malgré tout peu populaire dans les mœurs congolaises. À ce jour, les énergies renouvelables sont considérées comme des palliatifs à l’hydroélectricité. Plusieurs études montrent que le pays tirerait un bénéfice certain à investir dans ces énergies inépuisables pour booster son développement. Il y a, par exemple, le soleil. Le pays se trouve dans une bande d’ensoleillement très élevé dont les valeurs sont comprises entre 3 250 et 6 000 watts crêtes/m²/jour (source Copirep). Et puis, il y a le vent. L’on parle d’un potentiel éolien limité avec des vitesses moyennes de vent variant entre 2,3 à 6,5 km/h (source ministère de l’Énergie). L’usage de l’énergie solaire, éolienne et tant d’autres non signalées reste dans l’ensemble un grand mystère.

Laurent Essolomwa

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