Aide au développement : les autorités françaises font le bilan de leur politique

Mardi 30 Décembre 2014 - 17:15

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Le ministère français des Affaires étrangères et du développement vient de publier son second rapport bisannuel au Parlement. Il rend compte de la mise en œuvre de la politique de développement de la France en 2012-2013.

Une aide essentiellement tournée vers l’Afrique

Il ressort du rapport que malgré sa diminution, l’Afrique subsaharienne continue de concentrer l’essentiel de l’aide publique au développement (APD) française. L’Afrique a reçu en 2012 52,5% de l’APD bilatérale nette dont 38,5% pour l’Afrique subsaharienne. Parmi les 20 premiers bénéficiaires de l’aide publique au développement française en 2012, on compte six pays d’Afrique sub-saharienne : la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Niger, la Mauritanie, la Guinée et le Cameroun... Les annulations et rééchelonnements de dette représentent la part la plus importante de l’aide bilatérale brute accordée à l’Afrique sub-saharienne en 2012 (43%), puis viennent les aides aux secteurs sociaux (24%), l’aide alimentaire (8%), les aides aux infrastructures et aux services économiques (6%), les frais liés aux réfugiés (5%). Les dons hors annulation de dette comptent pour 37% de l’aide et les prêts hors rééchelonnements de dette pour 20%.

On ne prête qu’aux riches

La fin de l’initiative Pays pauvre très endettés (PPTE) a conduit à un recul du montant de l’aide pour l’Afrique subsaharienne. De 2,5 milliards d’euros en 2012, celle-ci n’était plus que d’1,7 milliard d’euros en 2013, en raison de la diminution des annulations de dette en faveur des PPTE. L’aide aux pays les moins avancés (PMA) a baissé de 36% de 2011 à 2012 pendant que les pays à revenus intermédiaires tranche supérieure voyaient dans le même temps leur part augmenter, passant de 19% de l’APD nette bilatérale en 2010 à 30% en 2012.
Depuis 2012 l’aide française se concentre sur 17 pays pauvres prioritaires : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, les Comores, Djibouti, le Ghana, la Guinée, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Rwanda (sorti de la liste en 2013), le Sénégal, le Tchad et le Togo. Dans ces pays la France intervient essentiellement sous forme de dons (60% de l’aide) « dans des secteurs liés à l’atteinte des OMD », à l’exception du Ghana et du Sénégal pour les quels les volumes de prêts octroyés était plus importants que celui des dons. Les pays pauvres prioritaires ont concentré en 2012 13 % de l’aide publique au développement bilatérale nette de la France.

Une aide au service du rayonnement économique de la France

Le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), qui regroupe autour du chef du gouvernement français tous les ministres directement concernés par les questions de développement, a défini en juillet 2013 les orientations de la politique d’aide à savoir concourir « au rayonnement culturel, diplomatique et économique de la France ». Le rapport bisannuel au parlement reprend ces orientations. 

Ainsi l’Agence française de développement a désormais pour objectif de « conjuguer le soutien à des projets de développement et la création d’un écosystème favorable aux intérêts français ». L’organisme doit ainsi « tenir compte, pour le choix des secteurs prioritaires d’intervention (…) des domaines d’activité dans lesquels il existe une offre française de qualité et compétitive » et non seulement des besoins des pays partenaires. 
Même son de cloche pour la politique culturelle de la France : l’accompagnement du « développement culturel des pays envers lesquels nous avons un devoir de solidarité » est le dernier des objectifs poursuivi par les Instituts français. Ceux-ci étant d’abord « au service des grands objectifs de notre politique d’influence, en articulation étroite avec nos objectifs économiques d’attractivité et de développement ».
Enfin « les prestations d’expertise et de conseil auprès des gouvernements étrangers », présentées comme « un marché concurrentiel s’élevant à plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année » sont pour la France « un vecteur essentiel pour la diffusion des normes et standards français tant sociaux que juridiques, sanitaires ou environnementaux ». 

Rose-Marie Bouboutou