Aide au développement : un regain d’intérêt inattendu des pays riches sur l’Afrique

Mardi 10 Avril 2018 - 19:45

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L’année 2017 s’est clôturée avec une augmentation de 3 % de l’APD (Aide publique au développement) en faveur du continent africain, même si l’enveloppe globale affiche plutôt une baisse de moins de 1 %. Il s’agit de l’argent provenant des pays riches de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

En chute libre depuis quatre années, l’APD a affiché une tendance haussière à la fin de l’exercice passé. Le dernier rapport publié par l’OCDE parle d’un montant total de vingt-neuf milliards de dollars américains en faveur de l’Afrique, contre vingt-sept milliards en 2016. La bonne nouvelle est que l’Afrique subsaharienne a monopolisé plus de 80 % de cette cagnotte. Par conséquent, l’aide totale octroyée à la sous-région se situerait à environ vingt-cinq milliards de dollars américains.

Par rapport à 2016, il y a eu au moins un milliard en plus. Ce qui n’est pas rien. En tout cas, c’est l’avis du directeur de la coopération pour le développement de l’OCDE, Jorge Moreira da Silva. «  Même dans un contexte de stagnation, on a une composition, un mix plus vertueux sur la dernière année. L’APD vers l’Afrique a augmenté, l’APD vers les pays les moins avancés a augmenté », affirme-t-il.  Malgré tout, insiste-t-il, ce n’est pas suffisant. L’on est très loin des projections des Nations unies sur une aide qui devrait se situer autour de 0,7 % du produit national brut à affecter à l’APD. Selon les calculs réalisés, l’aide des pays de l’OCDE n’atteindrait que 0,31 % de leur richesse nationale respective.

En Afrique, dans le cercle des experts, l’analyse n’est pas très optimiste non plus. Cette aide est caractérisée, insistent-ils, par une augmentation de la part des prêts remboursables pour l’Afrique au détriment des dons. Il faut confirmer un regain d’intérêt des pays riches sur les secteurs à haute valeur ajoutée. Il s’agit, par exemple, de l’industrie et des infrastructures. Par ailleurs, sur un autre plan, le volume de l’argent continue de rétrécir dans les secteurs sociaux où l’Afrique a besoin d’aide pour faire face aux différents problèmes qui se posent dans la région : pauvreté, déplacements massifs de la population, etc. Des organisations comme Oxfam déplorent l’incapacité de garantir une couverture santé universelle gratuite à dix millions de personnes. La France, citée parmi les principaux bailleurs de fonds, a fait progresser son aide de 15 % tout en priorisant les prêts vers les secteurs solvables.  Certains experts n’hésitent donc pas à parler d’une performance mitigée, même si le débat ne faiblit pas sur la capacité réelle de l’aide publique à développer un Etat.

Une opinion plus large se félicite quand même de la progression de l’aide bilatérale aux pays les moins avancés après plusieurs années de baisse. Il y a eu une augmentation d’environ 4 %. Dans l’ensemble, les pays riches de l’OCDE ont déboursé 146 milliards de dollars américains en 2017, sous forme d’aide publique au développement dans le monde. En chiffres, elle a baissé de 0,6 % si l’on intègre les dépenses des pays d’accueil pour les réfugiés, mais le calcul change si l’on évince cette donne qui n’a rien à faire dans cette évaluation. Sans ces dépenses du fait de la fermeture des frontières européennes, l’on arrive à la conclusion que l’aide a grimpé au moins de 1, 1 %. Par rapport aux principaux bailleurs, il y a les Etats-Unis d’Amérique qui restent toujours en tête.

Laurent Essolomwa

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