Aide publique au développement : Bruxelles défend son projet budgétaire en hausse de 30%

Jeudi 5 Juillet 2018 - 18:09

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Dans le cadre de son budget pluriannuel 2021-2027, la Commission européenne prévoit d’allouer cent vingt-trois milliards d’euros aux dépenses à l’étranger.

Le montant envisagé inclut toutefois les trente milliards d’euros du Fonds européen pour le développement. Cependant, de nombreuses ONG craignent que l’Union européenne (UE) rabaisse ses engagements de développement aux dépens des contrôles migratoires, obligeant la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, à préciser qu’environ neuf milliards d’euros seront alloués aux questions d’immigration.

« Nous ne voulons pas que la prochaine Commission soit confrontée à la crise migratoire à laquelle nous avons fait face sans les capacités financières et institutionnelles adéquates », a-t-elle déclaré. Pour la directrice par intérim de la campagne One, Emily Wigens, « il ne peut y avoir de solution à long terme à la crise des réfugiés sans un nouveau partenariat visionnaire et ambitieux avec l’Afrique ». Du côté de Bruxelles, on affirme que la mise en place d’un instrument unique éliminera les barrières bureaucratiques inutiles.

La conseillère en politique européenne d’Oxfam, Hanna Saarineen, pense que des règles claires en matière de transparence, de gouvernance et de prévisibilité sont nécessaires « pour contrebalancer la flexibilité proposée pour les dépenses en aide au développement. En l’état actuel des choses, l’UE sera en mesure de détourner plus facilement de l’argent vers ses propres intérêts ».

Pour Global Health Advocates, l’UE a perdu de vue l’objectif initial de l’aide. L’aide au développement étant désormais considérée comme « un outil permettant de tirer parti de la coopération des pays partenaires sur des questions liées aux intérêts de l’UE, telles que la sécurité et les migrations ». Bruno Rivalan, du Conseil d’administration de Concord, pense que le détournement de l’aide est le plus grand risque de la proposition de la Commission. « Alors que l’aide est déjà instrumentalisée en faveur des intérêts de l’UE, cette proposition légitimerait cette menace », selon lui.

Or pour la Commission, l’éradication de la pauvreté reste l’objectif général. Les dépenses en Afrique subsaharienne sont celles qui devraient connaître la plus forte augmentation, passant de 26,1 milliards à trente-deux milliards d’euros sur sept ans.

Noël N'dong

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