Alimentation : les restaurants de fortune à Brazzaville dans l’insalubrité

Jeudi 10 Octobre 2019 - 16:30

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Nombre de restaurants dans la capitale ne respectent pas les conditions d’hygiène. Une situation qui accroît sans nul doute le taux de maladies alimentaires. La municipalité et les services d’hygiène ont intérêt à y veiller davantage pour le bien-être de la population.  

« L’on tombe malade aussi parce que l’on mange mal et dans de mauvaises conditions », s’accordent à dire les nutritionnistes. L’environnement insalubre dans lequel sont implantés plusieurs restaurants à Brazzaville et dans d’autres localités du pays concourt à la prolifération des maladies alimentaires qui constituent un grand problème de santé publique dont la prise en charge coûte cher à l’Etat et aux ménages.

Le non-respect des conditions d’hygiène fait que les aliments exposés dans un environnement insalubre soient contaminés par des micro-organismes. Ainsi, la consommation est à l’origine de plusieurs pathologies : la fièvre typhoïde, le choléra, des infections à campylobacter qui sont des causes des maladies diarrhéiques.

La population est bien consciente de l’insalubrité dans laquelle sont plongés ces milieux. Mais, elle ne parvient pas à s’en détourner à cause des prix abordables des plats. « J’ai l’habitude de passer par ici chaque matin, parce qu’ils proposent des mets aux prix très bas et ouvrière que je suis ici, cela me permet d’économiser un peu au profit d’autres besoins, sauf que l’endroit dans lequel je me trouve n’est pas propre. Je suis obligée d'y venir par défaut des moyens », a reconnu Josiane Nzoumba, habitante du quartier Mpissa, à Makélékélé, qui a l’habitude de fréquenter les restaurants de fortune faute de mieux.

Cependant, certains tenanciers de ces restaurateurs refusent de voir la réalité, alors que les clients et nombre d’observateurs reconnaissent cet état d’insalubrité. « J’exerce ce boulot quotidiennement, c’est mon bureau ici. Certaines personnes n’aiment pas venir manger ici sous prétexte qu’il n’y a pas assez de propreté. Mais je suis ici depuis dix ans et ne suis jamais tombé malade. D'ailleurs, je n’ai jamais entendu que mes clients, que je connais bien, sont tombés malades parce qu'ils fréquentent mon restaurant. Les mouches dont vous parlez et la poussière des véhicules, c’est partout dans la ville », a confié Mamadou, un restaurateur au marché de Talangaï, dans le sixième arrondissement de la capitale. Pourtant, il est bien clair que quand un client tombe malade, il ne retourne pas au restaurant mais est plutôt conduit à l’hôpital.

Selon les sources concordantes de la mairie de Brazzaville, certains de ces restaurants de fortune disposent des autorisations de la municipalité et paient les taxes. Toutefois, pour faire respecter les conditions d’hygiène, la mairie et les services d’hygiène doivent exiger l’aménagement des lieux, à en croire la même source car, a-t-elle poursuivi, les taxes sont payées pour l’occupation de l’espace et non pour que les services compétents fassent la propreté à leur place.

Soulignons que pour l’Organisation mondiale de la santé, la charge de morbidité imputable à ces maladies est plus élevée dans le pays en développement dont le Congo fait partie. Les estimations de la structure onusienne soulignent qu’une personne sur dix tombe malade en consommant des aliments contaminés et que quarante-deux mille en meurent. Les enfants sont exposés à un risque plus élevé puisque douze mille cinq cents d'entre eux perdent la vie chaque année. Il est donc important d’agir pour mieux règlementer le secteur, dans le but de protéger la population contre les maladies alimentaires qui constituent un frein au développement. Une population malade n’est pas productive.

Rominique Makaya et Destin Kelly Bouka (stagiaire)

Légendes et crédits photo : 

Une vue des restaurants de fortune à Brazzaville

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