Application de la nouvelle loi électorale: le nombre de partis politiques réduit à quarante-neuf

Lundi 11 Juin 2018 - 19:15

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L'information a été donnée le 11juin, à Brazzaville, par le ministre de l'Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, au cours d’une réunion avec les responsables des formations politiques et ONG de la société civile.

L'annonce, jugée très controversée par les partis de l’opposition, s’inscrit dans le cadre de l’application de la loi électorale publiée et promulguée en mai 2017.

Ce texte dispose, entre autres, que tout parti ou association politique ne doit pas être un regroupement des membres d’une même famille. Il doit être une institution territorialement représentée, avec des sièges sociaux implantés dans tous les douze départements du Congo. La même loi précise, par ailleurs, que si un parti ne remplit pas les critères définis, il disparaîtra simplement de l’échiquier politique congolais.

Fort de cette nouvelle loi, le ministère de l’Intérieur a recensé tous les partis et associations politiques régulièrement enregistrés pour avoir rempli les principaux critères susmentionnés.

Raymond Zéphirin Mboulou n’a pas rendu publics les noms des quarante-neuf partis retenus officiellement, se contentant de préciser que les cent cinquante et un partis n’ayant pu remplir les conditions sont appelés à se conformer au plus vite, sous risque de disparaître définitivement.

En dehors de ces partis, le gouvernement a fait aussi un grand ménage au sein des associations politiques. Au total neuf associations sont retenues, sur près de trois cents qui existaient au Congo. Celles-ci devront se conformer si elles veulent exister.

L’annonce de cette décision a suscité de vives réactions de la part des responsables des partis de l’opposition présents à cette réunion. On peut citer, entre autres, Christophe Moukouéké, Clément Miérassa, Paul Marie Mpouelé, Elo Dacy ainsi que le représentant du Mouvement pour l'unité, la solidarité et le travail, le parti de Claudine Munari.

La plupart d’entre eux ont évoqué le principe de non-rétroactivité de la loi, étant donné que leurs formations politiques seraient créées avant l’adoption de cette nouvelle loi.

« Monsieur le ministre, ce que vous venez d’annoncer est un désastre politique pour notre jeune démocratie. Laissez les partis politiques évoluer, car c’est un long processus. Vous êtes partis de deux cents partis politiques à quarante-neuf, c’est vraiment une catastrophe », a réagi Christophe Moukouéké, membre du collectif des partis de l’opposition dont Mathias Dzon en est le président.

« Notre parti, l’UPRN, a été créé en 1990, la loi de 2017 à laquelle vous faites référence, en réalité ne nous concerne pas, plutôt tous les partis créés après la promulgation de cette loi. Nous vous demandons seulement d’appliquer la loi, parce qu’elle n’a pas d’effet rétroactifs », a enchaîné Elo Dacy, représentant l’UPRN.

En dépit de toutes ces réactions, le ministre de l’Intérieur a campé sur sa position, affirmant que la loi, quand elle s’applique, fait mal mais c’est son ressort.

« « En élaborant cette loi, le gouvernement ne s’est pas enfermé seul dans une maison, il l’a fait avec les responsables des partis politiques. Si certains partis ne se sont pas associés au processus, c’est peine perdue, parce que nous n’allons plus y revenir. La loi a été promulguée depuis mai et les partis ont eu la possibilité de s’en imprégner », a martelé Raymond Zéphirin Mboulou.

Le chef de l’opposition publiquement contesté

Abordant la lancinante problématique de désignation du chef de l’opposition, poste attribué au premier secrétaire de l’Upads, Pascal Tsaty Mabiala, certains opposants présents à la réunion ont dit ne pas se reconnaître en lui, étant donné que cette opposition est diversifiée.

« Nous ne sommes pas d’accord avec la désignation du chef de file de l’opposition, parce que l’opposition au Congo est plurielle. Elle a plusieurs tendances et chaque tendance a ses objectifs propres. Vous ne pouvez pas dire que celui qui a été désigné aujourd’hui est, sur le plan politique, le porte-parole du collectif des partis de l’opposition. Le statut de l’opposition que nous réclamons tant, ce n’était pas au profit d’une personne, plutôt pour promouvoir les libertés démocratiques de cette opposition plurielle », a déclaré Elo Dacy, appuyé par certains de ses collègues.

Prenant la parole à ce sujet, Pascal Tsaty Mabiala s’est défendu en disant que cette vision politique n’est pas seulement du ressort congolais. Tentant de convaincre, en vain, ses collègues de l’opposition, il a souligné qu’au Mali, au Togo, en Guinée et dans bien d’autres pays d’Afrique, les chefs de l’opposition sont désignés dans les mêmes conditions.

Précisons qu'en réduisant le nombre de partis dans le pays, l’objectif du gouvernement est de vouloir règlementer ce secteur, au profit de grandes formations politiques plus représentatives.

 

Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

1-Raymond Zéphirin Mboulou (à droite) lors de la réunion/Photo Adiac 2-Une vue des responsables des partis politiques suivant attentivement le ministre/Photo Adiac

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