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Avancée des femmes dans la vie publique et politique : la France derrière le Rwanda et l’Angola

Dimanche 2 Mars 2014 - 23:15

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Bien que le principe de l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives soit un principe constitutionnel depuis 1999, la France reste en milieu de classement en termes de représentation des femmes dans ses assemblées élues, loin derrière le Rwanda qui occupe la première classe, la Suède, l’Espagne, ou encore la Belgique, l’Angola ou l’Italie, souligne la députée européenne Tokia Saïfi

Tokia Saïfi Des chiffres qui démontrent que légiférer reste une nécessité pour assurer une véritable représentativité des femmes dans les instances dirigeantes politiques, économiques, ou institutionnelles tant au niveau national qu’au niveau régional européen, des domaines qui restent très souvent la chasse gardée des hommes, poursuit la députée européenne.

Elle pense que la finalisation de la directive adoptée par le Parlement européen (PE) en novembre 2013 et qui fixe à 40% la proportion de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises européennes d’ici à 2020 devrait figurer parmi les priorités de l’actuelle présidence grecque du Conseil. Elle regrette cependant que cela ne soit pas le cas.

Car il faudra probablement attendre le renouvellement du Parlement Européen et celui de la Commission européenne qui interviendront cette année pour que ce dossier soit remis sur la table de travail. « Je constate souvent cette dichotomie entre la volonté politique en faveur d’une plus grande implication des femmes et la mise en œuvre des textes existants », relève Tokia Saïfi, qui poursuit : « Reste qu’elle n’est pas, à mon sens, une fatalité : des lois existent, sur lesquelles les femmes peuvent s’appuyer. Et surtout, des outils existent, dont elles doivent apprendre à tirer le meilleur profit. Mon rôle d’élue étant précisément de forger, promouvoir, et aider à utiliser ces outils. »

D’après de nombreuses études, en politique ou dans les entreprises, les femmes auraient moins la culture du réseau que les hommes ; elles auraient tendance à moins se mettre en avant. « C’est tout l’intérêt des instances informelles, comme Women’s Forum for the Economy and Society, ajoute la députée. Cela favorise la mise en réseau durable et opérationnelle de professionnelles de tous secteurs et de tous horizons. »

Tokia Saïfi explique l’autre atout majeur du réseau : « Il aménage un espace public permettant aux femmes d’affirmer leurs compétences, leur savoir-faire, en un mot de défendre leur méthode aussi bien que leur bilan », un fil rouge qui guide son action d’élue européenne : la mise en avant de l’impact socioéconomique positif d’une représentativité renforcée plutôt que de miser sur des textes parfois condescendants et sans conséquence pratique, selon elle.

Elle souligne que la participation des femmes en politique connaît aujourd’hui, dans le monde entier, plus d’avancées que de reculs. Le stade des initiatives est passé et celui de la consolidation est venu. « Dès lors, c’est aux femmes elles-mêmes d’en saisir toutes les opportunités et d’en développer de nouvelles », conclut-elle.

Tokia Saïfi est députée au Parlement européen au sein du Parti populaire européen et ancienne secrétaire d’État au Développement durable dans trois gouvernements, dont celui de Jean-Pierre Raffarin (mai 2002 à juin 2004). Elle a développé la notion « d’État exemplaire », déclarant mettre en œuvre une « stratégie nationale de développement durable ». Elle est initiatrice de la « Semaine du développement durable » pour populariser la notion, et vice-présidente du Parti radical depuis 2008.

Mauritanie : les femmes en avant !

2014 s’annonce comme une excellente année pour les femmes mauritaniennes. Après l’élection le mardi 4 février 2014 de Maty Mint Hamady, première femme à diriger la mairie centrale de Nouakchott, la capitale du pays, le nouveau gouvernement mauritanien a été formé le mercredi 12 février avec six femmes ministres, une première dans ce pays.

Loin d’être cantonnées aux affaires familiales ou sociales, les femmes ministres mauritaniennes occupent également des portefeuilles traditionnellement réservés aux hommes, tels que le commerce et l’industrie, l’urbanisme et l’aménagement du territoire et les affaires étrangères.

R.M.B.

Noël Ndong

Légendes et crédits photo : 

Tokia Saïfi ©DR