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Bassin du Congo: attention danger !

Samedi 7 Mai 2016 - 12:15

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Les puissances extérieures au continent qui prétendent donner des leçons de bonne gouvernance aux pays africains en général, aux pays du Bassin du Congo en particulier feraient bien de réfléchir avant qu'il ne soit trop tard aux risques que leur comportement fait courir à l'une des régions les plus vastes, les plus prometteuses et donc les plus convoitées de la planète.

En critiquant comme elles le font de façon systématique les gouvernements de cette partie du monde, en ne surveillant pas comme elles devraient le faire les activités des organisations non gouvernementales qui tentent de déstabiliser ses dirigeants par tous les moyens, en laissant prospérer sur la misère humaine des entreprises criminelles dont le siège est situé sur leur propre territoire, en n'aidant guère les peuples de l'Afrique centrale à accélérer leur marche vers le développement, elles créent les conditions d'une crise de grande ampleur  qu'elles seront incapables d'aider à combattre dans le proche avenir.

Le problème, il est vrai, n'est pas nouveau puisque les conflits internes dans la région des Grands Lacs, en République démocratique du Congo, en Centrafrique et ailleurs ont provoqué, au cours des deux dernières décennies et dans l'indifférence générale, la mort de plus de dix millions d'êtres humains. Mais il menace aujourd'hui de prendre une dimension plus inquiétante encore du fait des tensions qui s'accroissent dans la sous-région.

Il suffit pour s'en convaincre de regarder ce qui se passe dans plusieurs des pays qui composent celle-ci et de mesurer les risques que porte en elle cette déstabilisation de communautés humaines qui aspirent à la paix mais qui ne parviennent pas à juguler la violence générée par les conflits ethniques, religieux ou simplement matériels qu'attisent des forces obscures dont les cerveaux se trouvent hors du continent. Seuls, de façon évidente, des Etats forts et des gouvernements structurés peuvent préserver la paix là où elle règne, la consolider là où elle est menacée, la ramener là où elle s'est effondrée.

Ce qui se passe actuellement en Libye, en Syrie, en Irak, au Mali, dans le Sahel, dans la Corne de l'Afrique démontre de façon accablante que dans le monde où nous vivons l'on ne combat pas la violence et la haine avec des mots, des discours, des gesticulations que seuls les médias et les réseaux sociaux prennent au sérieux. Le temps viendra, plus vite qu'on ne le croit, où l'humanité dans son ensemble demandera des comptes aux nations dites "démocratiques" qui auront été directement ou indirectement à l'origine de ces tragédies.

Plutôt donc que de donner sans cesse des leçons de bonne gouvernance à des dirigeants qui tentent par tous les moyens de maintenir ou de ramener la paix chez eux, les puissances extérieures dont il est ici question – elles se  reconnaitront sans qu'il soit besoin de préciser leur nom – feraient bien de s'employer à réparer les blessures causées par la traite négrière puis par l'exploitation sans frein des richesses naturelles de la sous-région lors de la colonisation, de s'employer à accompagner enfin sérieusement les pays qui la composent dans leur lent et difficile travail en vue de se doter d'institutions stables et de forces publiques crédibles, de s'employer à leur faire la place qui leur revient de droit dans la gouvernance mondiale en raison de leur poids humain et financier, de s'employer à les aider dans le processus d'intégration régionale qui seul permettra l'émergence de l'Afrique centrale, de la région des Grands lacs, du Golfe de Guinée et qui seul garantira une paix durable aux peuples des quinze pays qui y coexistent.

Prions pour que le bon sens l'emporte enfin sur l'illusion, le mythe, la fable, la gesticulation.

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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