Belgique : le débat continue de faire rage sur les atrocités commises pendant la colonisation

Vendredi 26 Juin 2020 - 13:22

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

A quelques jours de la célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance du Congo, le débat sur les méfaits de la période coloniale belge au Congo continue d’être l’un des sujets d’actualité au centre des discussions politiques et sociales.

La commission des relations extérieures de la Chambre des représentants du parlement fédéral belge a décidé, le 24 juin,  de mettre en place un mécanisme qui doit conduire à la création d’une commission chargée de se pencher sur le passé colonial de la Belgique avant d’envisager d’éventuelles excuses.

Chaque groupe politique a été invité à proposer le nom d’un expert afin de constituer un groupe chargé d’épauler la réflexion confiée à deux institutions scientifiques fédérales, l’AfricaMuseum (ex-Musée royal de l’Afrique centrale) de Tervueren et les archives générales du royaume de Belgique, a indiqué la présidente de la commission, la députée Els Van Hoof (CD&V).

Plainte pour incitation à la haine

Par ailleurs six députés du parti politique belge, Centre démocrate humaniste (CDH) du parlement bruxellois, ont annoncé, le  25 juin, avoir déposé une plainte pour incitation à la haine, injures racistes et harcèlement à l’égard de leur partenaire politique Pierre Kompany, bourgmestre de Ganshoren et premier noir à être élu bourgmestre d’une commune en Belgique.

Gladys Kazadi, députée au parlement bruxellois, a publié sur sa page Facebook : « face aux injures racistes, à l'incitation à la haine et au harcèlement dont a été victime le député bruxellois et bourgmestre de Ganshoren Pierre Kompany, suite à la publication de notre vidéo concernant la construction d'une mémoire collective partagée et assumée et la demande d’excuses éclairées de la Belgique au Congo, nous avons solidairement porté plainte ! Je suis de tout cœur avec Pierre Kompany. Le racisme n'a pas sa place dans notre société ».

Pour sa part, Céline Fremault, cheffe du groupe CDH au parlement bruxellois, a fait savoir que depuis la diffusion, le 20 juin dernier, de cette vidéo collective de l’ensemble des députés bruxellois du CDH à propos du dépôt d’une résolution relative à l’histoire et la mémoire coloniale partagée, Pierre Kompany est la cible constante de messages racistes répétés d’une violence inacceptable. Le CDH porte solidairement cette résolution sur le travail d’Histoire et de Mémoire coloniale partagée et notamment, la demande d’excuses éclairées en accord avec le président du parti Maxime Prévot et le bureau politique du CDH.

« Or, force est de constater pour le CDH que seul Pierre Kompany fait l’objet d’un traitement odieux qui s’apparente par ailleurs à du harcèlement. L’ensemble des députés CDH  bruxellois – Bertin Mampaka, Véronique Lefrancq, Christophe De Beukelaer, Gladys Kazadi et Pierre Kompany – et moi-même comme cheffe de groupe, nous avons décidé de donner une suite judiciaire à ces expressions d’incitation à la haine et aux injures racistes par un dépôt de plainte soutenu par tous les membres du groupe politique. C’est ensemble qu’on ne doit rien laisser passer et c’est ensemble qu’il faut agir, d’autant que la question du racisme ne concerne pas que la victime. Elle relève d’une responsabilité collective», a fait savoir Céline Frémault dont le groupe parlementaire a désigné un cabinet d’avocats pour mener à bien la procédure.

A ce sujet, au niveau de la RDC, trois Belges habitant à Lubumbashi ont été arrêtés le 24 juin, suite aux commentaires racistes qu’ils ont postés sur Facebook par rapport à Pierre Kompany. Ces derniers pourraient faire l’objet d’une mesure d’expulsion.

Interrogé par la RTBF à ce sujet, le bourgmestre de Ganshoren a indiqué que ce qui pouvait se passer ailleurs n’était pas de son ressort. Néanmoins, il a déclaré  qu’il n’aimerait pas être à leur place. « Mais eux-mêmes ne vivent pas ce que je vis », a-t-il fait savoir.

cinq métisses portent plainte

Sur un autre registre, cinq femmes métisses belgo-congolaises ont déposé, le 24 juin, une plainte contre l’Etat Belge pour « crime contre l’humanité » durant la colonisation. Léa, Monique, Noëlle, Simone, Marie-José, âgées toutes de plus de 70 ans, et dont quatre ont la nationalité belge et une la nationalité française, réclament que l’Etat belge reconnaisse, enfin, ce qu’a été leur souffrance d’enfants métisses, arrachées à leur famille et placées de force dans des institutions religieuses. Le cabinet de la Première ministre belge, Sophie Wilmès, a déclaré avoir pris acte de la plainte déposée.

 

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photos Période coloniale belge au Congo Crédits: DR

Notification: 

Non