Bonne gouvernance : la lutte anticorruption, une gageure !

Lundi 5 Août 2019 - 17:42

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La corruption, cette gangrène qui rythme la vie nationale, se dresse aujourd’hui tel un mur infranchissable pour Félix Tshisekedi qui n’a d’autre alternative que de l'éradiquer pour le bien des congolais.

La corruption est presque institutionnalisée. Elle fait perdre au Trésor public près de 15 milliards de dollars par an. Un manque à gagner considérable si l’on s’en tient aux multiples défis économiques auxquels le pays est confronté sans disposer des ressources financières indispensables à son développement. Si l’on peut apprécier, à juste titre, l’engagement du chef de l’État à éradiquer ce fléau, il y a lieu de souligner l’immensité de la tâche qui l’attend, vu que la corruption s’est diversifiée au fil des années, tant dans son contenu que dans ses formes. D’où chercher à l’éradiquer, c’est tenter de bousculer les vastes réseaux d’intérêts qui l’entretiennent aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Félix Tshisekedi y parviendra-t-il ? Là est toute la question.

Cependant, la ferme volonté affichée par le président de la République, plus que jamais déterminé à changer le cours des choses, est à capitaliser avec, à la clé, l’implication de toutes les forces vives du pays. La lutte contre la corruption est une affaire de tous. Lorsque le Conseil de sécurité exhorte le chef de l’État dont il salue, par ailleurs, l’engagement à lutter contre ce fléau, « à redoubler d'efforts pour que les responsables de ces crimes répondent de leurs actes », on cerne encore mieux l’enjeu que revêt une telle problématique. Plus d’une fois et à diverses circonstances, Félix Tshisekedi a réitéré son engagement à extirper la corruption des mœurs congolaises. Une gageure !

Dernièrement encore, lors de la première édition de la Journée africaine de lutte contre la corruption organisée par l’Observatoire de surveillance de la corruption et de l’Éthique professionnelle (OSCEP) au Fleuve Congo Hôtel, il s’est appesanti sur l’accompagnement de la justice. Des moyens conséquents, a-t-il dit, seront alloués à ce secteur en vue de booster la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics, le clientélisme, etc.

Lorsque la rue presse...

Pour le Congolais lamda, les bonnes intentions de Félix Tshisekedi en matière de corruption ne recueilleront son quitus que lorsqu’elles seront traduites dans les faits. On attend donc Fatshi sur le terrain de la concrétisation de ses serments. À ce jour, aucun signal fort en termes de rupture avec la gestion peu orthodoxe pratiquée par l’ancien régime (dilapidation des recettes de l’État, mégestion, enrichissement illicite des dignitaires, opacité dans la passation des marchés publics, etc.), n’est encore perceptible. Les fameux intouchables corrupteurs et corrompus d’hier continuent à se pavaner comme si de rien n‘était.

En attendant de palper les effets de la revisitation annoncée de l’arsenal juridique en la matière et de l’institution des mécanismes plus adaptés à la maîtrise du phénomène en lien avec la moralisation de la vie publique, le petit peuple attend, de son côté, la prise des sanctions immédiates à l’encontre des détourneurs avérés des deniers publics. Les corrompus et les corrupteurs devront séjourner en prison, quitte à restituer les biens volés à son dépositaire naturel, le souverain primaire.

Sur ces entrefaites, des appréhensions se font jour concernant l’attribution, dans le gouvernement Ilunkamba en gestation, du ministère de la Justice au Front commun pour le Congo (FCC) qui regorge en son sein des anciens dignitaires dont plusieurs n’ont pas les mains propres. Une situation qui, pense-t-on, risquerait de nuire à la lutte contre la corruption avec une justice manifestement aux ordres de la « Kabilie » reconvertie juge et partie.  Si son prédécesseur n’a pas mieux fait bien qu’il ait nommé un conseiller spécial en charge de la lutte contre la corruption, Félix Tshisekedi a tout intérêt à réussir sur le front anticorruption en appliquant la « tolérance zéro ». Il est astreint à ramener l’indice de perception de Transparency international à son niveau le plus bas. En 2016, la RDC a occupé la 156e place sur 176 pays évalués et son positionnement n’a, depuis lors, pas beaucoup évolué.

 

Alain Diasso

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