Bouenza : le PAM et le Canada lancent la production industrielle du "Mbala Pinda"

Mercredi 17 Juin 2020 - 16:45

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Afin de répondre efficacement à la crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus, l’ambassadeur du Canada en République du Congo, Nicolas Simard, et le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), Jean-Martin Bauer, se sont rendus, le 16 juin à Madingou dans le département de la Bouenza pour visiter les groupements de femmes productrices d'encas nutritifs locaux à base de manioc et de cacahouète, communément appelés "Mbala pinda".

En présence du préfet de la Bouenza, Jules Mounkala Tsoumou qui a personnellement accompagné ses hôtes dans tout le processus de lancement de ce nouveau projet à caractère socio-économique, le groupement Bidiu Bu Buala a présenté la particularité de ce produit. Pour officialiser le lancement de ce projet de production en masse des Mbala Pinda", la délégation a assisté à la fabrication et la préparation de ce produit de consommation made in Congo avant de les distribuer aux élèves de l’école Kimboaka qui, préparent les examens d’Etat.

« Depuis 2019, le PAM travaille avec de nombreux partenaires pour soutenir la chaine de valeur du manioc au Congo. Nous sommes heureux à pouvoir compter sur le gouvernement canadien dans ce projet. Cet aliment est très spécial parce qu’il est nutritif et nous allons soulager le travail de ces femmes en leur dotant de matériel adéquat. Ce produit nutritif et délicieux sera distribué dans les écoles. Tout le processus de fabrication de ce met respecte totalement l’environnement puisqu’il est exclusivement utilisé avec des composants biodégradables », a signifié Jean-Martin Bauer.

Financé par le Canada et mis en œuvre par le PAM, ce projet vise à atténuer les impacts de la Covid-19 sur l’économie, la nutrition et la santé de la population en soutenant l’autonomisation du système alimentaire local grâce à trente-huit mille quatre cents Mbalas Pindas" qui seront produits par semaine.

Selon l’ambassadeur du Canada, ce projet qui permet d’utiliser la cuisine congolaise pour venir en aide aux personnes en situation de vulnérabilité sanitaire met en valeur les atouts de la gastronomie locale. « Le coronavirus, c’est la santé et la santé c’est d’abord une bonne alimentation. Cette intervention mise en œuvre par le PAM permettra de réduire l’impact de la crise nutritionnelle qui touche particulièrement les femmes et les enfants. L’urgence sanitaire doit être traitée en même temps que l’urgence alimentaire parce que la crise actuelle n’a pas de frontière. C’est ce que nous faisons en appuyant les autorités congolaises dans les domaines de la santé et de la sécurité alimentaire », a déclaré Nicolas Simard.   

Pendant dix mois, cent soixante femmes de seize groupements de Loudima et Madingou seront soutenues en recevant des équipements de transformation de manioc. Ainsi, à l’exception de la population de certaines localités qui bénéficieront gratuitement de ce mets traditionnel, il y a aussi les trois mille élèves d’école primaire retenus dans le programme de cantines scolaires, des personnes vulnérables se trouvant dans les centres de santé comme les femmes enceintes, allaitantes et les jeunes enfants. 

Les principaux bénéficiaires de ce projet, à savoir les groupements de femmes productrices de "Mbalas Pindas" qui se sont engagées à multiplier leur production estiment que chaque partie prenante trouvera son compte à condition que l’accompagnement soit pérenne.

 

C’est quoi le "Mbala Pinda" ?

Considéré comme un encas nutritif, le "Mbala Pinda" est un produit  originaire de la tribu Kuni qui est essentiellement composé de pâtes de manioc et de cacahouète. On y ajoute parfois d’autres ingrédients comme du sel ou du piment. Selon certaines sources locales, il a été fabriqué pour la première fois dans le district de Loudima (Bouenza), il y a plus d’un siècle avant sa vulgarisation dans les régions voisines. Son origine remonte, en effet, à l’époque coloniale, les femmes ont dû trouver un repas froid énergétique, facilement transportable et conservable pour leurs maris, qui se déplaçaient pour des travaux d’intérêt communautaire sous l’administration coloniale. Ce mets unique et délicieux était emporté par les hommes qui se rendaient dans des chantiers. Il leur permettait d’avoir à manger en permanence durant les travaux et les trajets. A en croire, Misette Tsoko, l’une des spécialistes de ce produit à Madingou, avec le "Mbala Pinda" l’on est assuré de passer toute une journée sans consommer d’autres produits. « Souvent nous le prenons le matin puis, nous partons effectuer nos travaux champêtres normalement et rentrons à la maison sans avoir faim », a confessé cette femme de Madingou.

 

 

 

 

Rude Ngoma

Légendes et crédits photo : 

1-Démonstration de l'une des étapes de fabrications "Mbala pinda"/Adiac 2- Nicolas Simard donne le "Mbala pinda" à un élève/Adiac

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