Bujumbura la boisée

Mercredi 17 Juillet 2013 - 19:30

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Serait-on tenté de parler de Bujumbura la verte ? Un visiteur en provenance du Congo-Brazzaville ne trouverait pas la formule incohérente. La capitale burundaise est en effet bordée d’arbres ; elle décline une teinte verdoyante quand on la parcourt du regard, perché sur les hauteurs. Par moments, on croirait admirer l’ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française du côté de la tour Nabemba en lorgnant vers Case de Gaulle. Nous sommes bien ailleurs…

Avec environ 600 000 habitants, Bujumbura n’est pas un scandale démographique si l’on considère que plus de 10 millions d’âmes (chiffres de 2013) peuplent les seuls 27 834 kilomètres carrés qui constituent le territoire du Burundi. À chacun ses vertus, et Bujumbura n’en manque pas. À commencer par le spectacle qu’offre le lac Tanganyika qui l’arrose, cerné par l’avenue dite du Large, bâtie par les Japonais. Si la chance vous sourit, vous assisterez à quelques pas du rivage au barbotage des hippopotames qui retiennent tant les passants. Vous pourrez aussi vous offrir un vent frais transporté par des vagues en furie sur les plages du deuxième lac le plus profond du monde après le Baïkal en Russie. 

Parce que le pays célébrait le 51e anniversaire de son indépendance le 1er juillet, les artères nouvellement construites ou réhabilitées de la première ville burundaise sont propres. Les taxis peints en bleu et blanc vous factureront autour de 2 000 francs burundais, l’équivalent de 660 FCFA pour être précis. Les commerces tenus par des nationaux et des expatriés (Pakistanais, Indiens, Arabes, Occidentaux, etc.) proposent toutes sortes de produits que l’on trouve dans d’autres villes africaines et du monde. Les petites échoppes de téléphones portables sont achalandées, les marchands ambulants traînent sous le bras divers articles, le marché des fruits et légumes ne désemplit pas, celui des arts est tout aussi remarquablement fréquenté. De nombreux titres de la presse locale, parmi lesquels Iwacu, les Voix du Burundi, Syfia Grands Lacs, Ijambo ou encore Grands Lacs Hebdo vous renseigneront davantage sur le quotidien d’ici.

Bujumbura est peut-être aussi une ville hôtelière, comptant un grand choix d'établissements. On ne se plaindra pas non plus de l’absence de bureaux de change et de banques. Attention, même dans un hôtel quatre ou cinq étoiles, ne soyez pas surpris de voir accrochée au-dessus de votre lit une moustiquaire imprégnée : il y a des moustiques. L’éclairage public est à conquérir, car la nuit, certaines avenues en maquent totalement. Ce qui ne prive pas les Bujumburiens de leurs nuits blanches dans les bistrots où l’ont joue de la rumba et des musiques du terroir. Et là, un ami vous parlera du quartier Bwiza, dans la commune éponyme, comme l’un des endroits où l’on ne ferme pas l’œil de la nuit. Enfin, si vous le voulez ! Au demeurant, quelques soldats en armes devant les places publiques ne vous dérangeront pas.

Pays marqué par tant de violences, le Burundi a forgé son souvenir dans la pierre. Ce que vous apprendront notamment les monuments du centre-ville, érigés en mémoire du « héros de l’indépendance », le prince Louis Rwagassore, Premier ministre assassiné le 13 octobre 1961, et du « héros de la démocratie », le premier président élu du pays, Melchior Ndadaye, emporté par un coup d’État violent dans la nuit du 20 au 21 octobre 1993, 102 jours après sa prestation de serment. C’est peut-être pour conjurer le mauvais sort qu’un monument de l’Unité nationale implanté non loin du quartier présidentiel domine un petit plateau.

« Ubumwe - Ibikorwa - Amajambere », peut-on lire en langue kirundi, avec sa traduction française au verso de la plaque : « Unité - Travail - Progrès », la devise du Burundi. Quel autre pays d’Afrique centrale porte la même devise ?

 

Gankama N'Siah