Burkina Faso : démission du ministre de la Culture

Mercredi 26 Novembre 2014 - 10:48

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Au lendemain des manifestions organisées à Ouagadougou, le tout nouveau ministre de la Culture et du tourisme, Adama Sagnon, dont la nomination était contestée par de nombreux Burkinabés a démissionné le mardi 25 novembre.

Les manifestants lui reprochaient d’avoir classé l’affaire Norbert Zongo au moment où il était procureur de la République sous le règne de Blaise Compaoré. En effet, le 18 juillet 2006, Adama Sagnon avait pris un réquisitoire de non-lieu concernant cette l’affaire. Une décision que les Burkinabés et les membres du collectif contre l’impunité avaient jugée « inacceptable » et qualifiée de « politique.» 

Dans une lettre adressée au Premier ministre, Adama Sagnon, précédemment directeur général burkinabè du droit d’auteur, a justifié son départ du gouvernement en ces termes : « Cette démission fait suite à des manifestations au sein du ministère de la Culture en réaction à ma nomination à la tête de ce département. Ayant à l’esprit les hautes missions qui vous sont dévolues, lesquelles mettent le peuple au centre de vos préoccupations, je vous saurais gré d’accepter ma démission, au nom de l’intérêt supérieur de la nation.» Réagissant aux manifestations, le ministre démissionnaire a indiqué qu’il n’était pas le seul à connaître le dossier Norbert Zongo. « Avant moi, il y a eu trois procureurs. Et après moi, il y a eu trois autres procureurs », a-t-il souligné.

Journaliste d’investigation, Norbert Zongo avait été tué en 1998, dans des circonstances non encore clarifiées. Il avait été retrouvé carbonisé dans sa voiture avec trois de ses compagnons à quelques kilomètres de la capitale burkinabè. À l’époque, il enquêtait sur la mort de David Ouedraogo, chauffeur du frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré. Les personnes suspectées dans l’assassinat du journaliste étaient toutes des militaires du régiment de sécurité présidentielle. Depuis lors, et après plusieurs années d’instruction et de lutte acharnée des parents, de l’opposition, voire de la communauté internationale dans le cadre de cette affaire, ce dossier n’a jamais connu d’aboutissement heureux pour les défenseurs des droits de l’homme. Le seul inculpé dans ce dossier était Marcel Kafando, un militaire du régiment de sécurité présidentielle, le corps d’origine de l’actuel Premier ministre du Burkina Faso.

 

Nestor N'Gampoula