Burkina Faso: poursuite du bras de fer entre le Premier ministre et le RSP

Mercredi 1 Juillet 2015 - 13:08

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Après avoir manifesté leur mécontentement contre l’actuel Premier ministre, Isaac Yakouba, en tirant en l’air à l’intérieur de leur caserne lundi, les soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) exigent maintenant la démission du chef du gouvernement ainsi que celle de tous les autres militaires du gouvernement de la transition.

Pour tenter de résoudre la crise entre ce régiment - pilier du pouvoir de l’ex-président Blaise Compaoré, dont la société civile et une partie des autorités gouvernant le Burkina Faso réclament la dissolution-, le président burkinabé, Michel Kafando, a décidé de jouer la médiation.

Les malentendus entre le Premier ministre et le RSP ne datent pas d’aujourd’hui. En décembre, Isaac Zida avait demandé publiquement la dissolution du RSP avant de changer d’avis plus tard. « L’armée et le pays ont besoin du RSP », affirmait-il à la mi-juin devant l’Assemblée nationale.

Le quiproquo vient de resurgir suite à l’arrestation d’une dizaine des soldats et à l’audition de trois officiers du RSP par la gendarmerie. Ce qui a amené les soldats du régiment à manifester leur mécontentement. Ils dénoncent un « harcèlement de certains dirigeants de la transition et de certaines organisations de la société ».

Hormis le Premier ministre, le RSP exige aussi la démission de 3 militaires au sein du gouvernement. Et en raison de la persistance de la crise, les discussions menées par le chef de l’État burkinabé, avec à ses côtés l’ancien président Jean Baptiste Ouedraogo et l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence, le général Gilbert Diendéré, se poursuivent entre les parties concernées.

En février dernier, le RSP avait provoqué une brève crise politique en exigeant la démission du Premier ministre Zida, numéro 2 de ce régiment sous l’ancien régime dirigé par Blaise Compaoré. Considéré comme la troupe la mieux formée de l’armée burkinabè, ce régiment de près de 1500 hommes est fortement critiqué par la population qui craint déjà pour sa sécurité.  D’ailleurs, plusieurs organisations de la société civile réclament à cor et à cri sa dissolution.

Interrogé sur ce qu’il pense du RSP, Bruno Jaffré, spécialiste du Burkina Faso et biographe de Thomas Sankara a regretté le comportement des soldats qui en font partie en ces termes : « C’est quand même une des revendications principales du Conseil national de transition, de la société civile et de bien d’autres forces, que ce régiment change complètement et, qu’en tout cas, ces hommes qui sont responsables de beaucoup d’assassinats et d’exactions soient mis hors d’état de nuire et jugés » Et de poursuivre : « Si ces gens se comportent de cette manière, c’est qu’ils continuent de penser que le rapport de force est en leur faveur. Et c’est ce qu’ils doivent comprendre : que le rapport de force n’est pas en leur faveur »

Depuis la chute de Blaise Compaoré en fin octobre de l’année dernière après 27 ans de règne, le Burkina Faso est dirigé par un exécutif conduit par le président Michel Kafando, un diplomate à la retraite, et son Premier ministre le lieutenant-colonel Isaac Zida. Ce régime de transition démocratique doit rendre les rênes du pays à un exécutif élu lors des présidentielle et législatives prévues au mois d’octobre prochain.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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