Burundi : la Cour constitutionnelle ordonne l'intronisation du président élu

Samedi 13 Juin 2020 - 13:36

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Après la mort inopinée du président en exercice Pierre Nkurunziza, la Cour constitutionnelle a autorisé, le 12 juin, une intronisation immédiate du président élu, Évariste Ndayishimiye, pour éviter au pays toute instabilité.

La Cour a conclu dans son arrêt rendu immédiatement public que l'intérim prévu par la Constitution n'était « pas nécessaire » et qu'il fallait « procéder, le plus tôt possible, à la prestation de serment » du général Ndayishimiye. Elu à la présidentielle du 20 mai, Evariste Ndayishimiye devait initialement prendre ses fonctions le 20 août, à la fin du mandat de Pierre Nkurunziza, décédé lundi 8 juin à l'âge de 55 ans, officiellement d'un « arrêt cardiaque ». Sa mort est survenue en plein processus électoral, juste après le triple scrutin contesté du 20 mai dont une présidentielle et une série d’autres élections, notamment les sénatoriales, le 20 juillet prochain.

Selon la Constitution de 2018, en cas de vacance de poste définitive de la présidence, l’intérim est censé être assuré par le président de l’Assemblée nationale, poste actuellement occupé par Pascal Nyabenda. Mais la Cour a considéré que « l'objet de l'intérim disparaît par le fait juridique de l'existence d'un nouveau président élu ». Cet arrêt signe la fin de l’incertitude qui régnait autour de la succession du président Pierre Nkurunziza.

La nouvelle Constitution du Burundi innove avec désormais un seul vice-président et un Premier ministre. Ces nouvelles institutions ainsi que le gouvernement devront d’abord être approuvé par le nouveau Parlement élu qui n’est pas encore en place. En attendant que le processus électoral aille à son terme, les institutions sortantes restent « en fonction », a encore décidé la Cour constitutionnelle. La cérémonie d'intronisation du nouveau président devrait avoir lieu en début de semaine prochaine, probablement avant jeudi, a assuré un haut cadre burundais. « C’est pour que ce soit lui qui conduise les funérailles de son prédécesseur », a-t-il expliqué.

La mort inopinée de Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans, a ouvert une période d'incertitude pour son pays, dont l'histoire est marquée par des crises politiques meurtrières et une longue guerre civile. Le régime souhaitait donc accélérer la prise de fonctions du général Evariste Ndayishimiye pour éviter toute turbulence. Acquise à sa cause, la Cour constitutionnelle l'a suivi sur ce point. Dauphin désigné de Pierre Nkurunziza par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, le général Ndayishimiye avait remporté la présidentielle avec 68,70% des voix. Soulignons que la Cour constitutionnelle avait rejeté le recours du principal parti d'opposition, le Conseil national pour la liberté (CNL) d'Agathon Rwasa, qui avait dénoncé une « mascarade électorale » marquée par de nombreuses irrégularités.

Dans les faits, la décision de renoncer à un intérim a été prise par les quelques généraux issus de l'ancienne rébellion hutu lors de la guerre civile (300.000 morts entre 1993 et 2006) qui partageaient la réalité du pouvoir avec Pierre Nkurunziza. « Les généraux ont finalement opté pour une intronisation immédiate du président élu pour éviter une longue période de transition et les tensions qui pourraient naître de ce fait » entre eux, a indiqué un haut responsable burundais.

Le Burundi fait également face à de nombreux défis et le général Ndayishimiye ne pouvait pas se permettre plus de deux mois d’immobilisme, selon des observateurs. Une économie en ruine avec 75% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et un taux de chômage de 65% pour les jeunes de moins de 35 ans, ou encore une pandémie du coronavirus niée mais qui en réalité est en train d’exploser.

Josiane Mambou Loukoula

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