Cabinda : MRPCS dénonce l’angoisse qui règne sur l'enclave

Lundi 30 Mars 2015 - 20:45

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Le mouvement tient également le gouvernement angolais responsable de tous ce qui pourrait arriver au président du Conseil de barreau de ce territoire, Me Arao Bula Tempo, et à ses compagnons.

Dans un message adressé le week-end à la communauté internationale, le subsidiairement à un autre message téléphonique, le Mouvement pour le rassemblement du peuple cabindais et pour sa souveraineté (MRPCS) a annoncé l’arrestation, depuis le 14 mars, du président du Conseil de barreau du Cabinda, Me Arao Bula Tempo. Ce juriste avait été arrêté avec quatre défenseurs des droits de l’Homme cabindais dont Marcos Mavungo, Manuel Biongo, Gabriel Bilongo et Simao Manuel Buinge. Ils viennent tous de totaliser plus de deux semaines d’incarcération.

Dans son plaidoyer, ce mouvement a dénoncé la répression de la marche qui a été à l’origine de cette arrestation, l’oppression du peuple cabindais et l’arrestation de Me Arao B. Tempo et de ses compagnons par le gouvernement angolais dont il demande la libération. Le MRPCS dit, par ailleurs, tenir le gouvernement angolais responsable de tous ce qui peut arriver à Me Arao B. Tempo et à ses compagnons alors qu’il sollicite l’appui des destinataires de leur correspondance.

Une marche réprimée 

Selon le MRPCS, c’est la police angolaise du Cabinda qui a opéré ces arrestations, sur ordre d’une délégation du gouvernement angolais venue de Luanda le 11 mars. À en croire ce mouvement, cette délégation avait d’abord ordonné la défense expresse de la marche prévue pour le 14 mars. « À cette date, tous les quartiers du Cabinda, la capitale, avaient été inondés des policiers empêchant la libre circulation de la population. L'arrestation de Me Arao Bula Tempo a été particulièrement spectaculaire et dramatique avec braquage d’armes alors qu’il devait se rendre à Pointe-Noire (Congo-Brazzaville) consulter son médecin pour sa santé », a souligné le MRPCS.

Pour ce mouvement, qui motive sa conviction sur ce qui s’est raconté, n’eut été la présence des témoins, Me Arao B. Tempo aurait risqué la vie parce que jugé particulièrement dangereux par le gouvernement angolais à cause de ses exigence dans le respect de la loi. « Il est à rappelé ici que Me Arao B. Tempo, plusieurs fois menacé, a déjà échappé à une liquidation physique n’eut été l’intervention efficace des médecins de l’hôpital de Pointe Noire où il avait été transporté d’urgence et incognito alors que des ordres précis étaient donnés par les autorités angolaises pour qu’il soit hospitalisé à l’hôpital provincial. Nous craignons que dans sa situation actuelle, Me Arao B. Tempo soit livré corps et âme à ceux qui en veulent à sa vie », a expliqué le MRPCS.

Des méthodes de gestion peu orthodoxes

Il est rappelé que, le 14 mars, une marche avait été programmée pour dénoncer la privation des droits et des libertés au peuple cabindais.

Le MRPCS a dénoncé, dans ce document, les méthodes de gestion provinciale de l’actuelle gouverneure du Cabinda, Mme Mathilde, qui auraient accentué l’asphyxie du peuple cabindais. Ce mouvement note, par exemple, une confiscation de liberté de commerce par un arrêt provincial selon lequel tous les vendeurs sont obligés de vendre dans des endroits fixés par la gouverneur. « Les produits agricoles des villages n’échappent pas à cette décision. Des policiers sont placés à ces endroits. Tout vendeur ou acheteur est obligé de présenter la carte d’identité pour y accéder. Le défaut de carte d’identité et/ou la vente de tout produit en dehors de ces endroits entraîne l’arrestation du concerné », a appuyé le MRPCS. Ce qui ne se fait, a fait observer ce mouvement, nul part en Angola ni ailleurs en Afrique centrale. Avoir une carte d’identité est utile mais, a noté le mouvement, l’exiger dans de telles conditions est contraignant.

Pour le MRPCS, en effet, le peuple cabindais qui serait victime de la discrimination en matière d’emploi n’avait plus que le petit commerce pour sa survie. L’organisation de cette marche avait pour objectif d’attirer l’attention du gouvernement angolais et de la communauté internationale sur l’angoisse qui s’est emparée du peuple cabindais qui se trouve plongé dans une oppression encore plus profonde qu'avant et qui, par son enclavement et son isolement, est dans le désespoir et la détresse. « Le refus de la marche par le gouvernement angolais est une preuve que ce gouvernement a une volonté expresse d’opprimer le peuple cabindais (en le privant de tout droit et de toute liberté) pour le liquider à petit feu. Car la souffrance engendre des maladies que les hôpitaux angolais sont incapables de guérir », a dénoncé le MRPCS.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

L'enclave du Cabinda dans une carte de la sous-région