Cacao : la Côte d'Ivoire et le Ghana suspendent les ventes

Jeudi 13 Juin 2019 - 13:30

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Les deux premiers producteurs mondiaux de cacao exigent des industriels de la filière une rémunération « décente » des agriculteurs. Sur les cent milliards de dollars que représente le marché mondial du chocolat, six milliards seulement reviennent aux producteurs.

La Côte d’Ivoire et le Ghana ont annoncé, le 12 juin à Accra, qu’ils ne vendraient plus leur cacao en deçà de deux mille six cents dollars la tonne, une décision « historique » pour revendiquer une meilleure rémunération des agriculteurs. Comme moyen de pression, les deux pays ont opté pour la suspension des ventes jusqu’à nouvel ordre pour le cacao qui sera récolté en octobre 2020. Précisons que l’essentiel de la récolte est vendu avant le début de chaque campagne.

« L’or brun » représente 10 % du produit intérieur brut de la Côte d’Ivoire, à peine moins pour le Ghana. Depuis des années, ce sont les acheteurs qui ont déterminé les prix. Pour essayer d’inverser la tendance, « les deux pays ont suspendu la vente des récoltes de 2020/2021 pour préparer la mise en place de ce prix minimum », a précisé le directeur général du Ghana cocoa board, Joseph Boahen Aidoo, à l’issue de deux jours de réunions entre producteurs, négociants et responsables politiques.

Les producteurs devraient en savoir plus le 3 juillet lors d’une réunion technique à Abidjan, convoquée pour discuter de la mise en œuvre de ce prix plancher.

« Une situation déraisonnable »

Sur les cent milliards de dollars que représente le marché mondial du chocolat, seuls six milliards reviennent aux agriculteurs. Une situation « déraisonnable », avait fustigé, le 11 juin, le vice-président du Ghana, Mahamudu Bawumia. «C’est pour cela que nos gouvernements se sont mis d’accord pour offrir aux agriculteurs une juste part de la richesse produite par l’industrie », a-t-il expliqué, ajoutant: « Un juste prix des fèves de cacao serait une grande aide pour appuyer les investissements du gouvernement dans les infrastructures rurales, et pour améliorer les conditions de vie ».

Il s’agit d'« obtenir des industriels et des autres partenaires de la filière un prix qui puisse rémunérer le travail de l’homme décemment », a commenté Yves Kone, directeur général du Conseil café cacao de Côte d’Ivoire, en marge de la rencontre. Et, « quand les prix montent, au moins les conditions de vie s’améliorent », a affirmé Umar Abubakar, secrétaire général du syndicat des producteurs de Café, cacao et noix de karité.

Pour l’Organisation internationale du cacao, le consensus existe « pour dire que les prix du cacao sont structurellement trop bas. Depuis trente ans, le prix en dollars constants a été divisé par quatre ». Mais si le prix de deux mille six cents dollars «n’est pas irréaliste », selon Michel Arrion –son directeur exécutif-, « la hausse du prix sur le marché mondial n’ira pas forcément dans la poche des producteurs », qui vivent dans une « pauvreté extrême ».

Sur les marchés, cette réunion a participé à la hausse du prix du cacao, qui a atteint mercredi en séance deux mille cinq cent cinquante-deux dollars la tonne à New York. Cependant, cette hausse pourrait n’être que temporaire, prévient Casper Burgering, analyste en matières premières pour la banque néerlandaise ABN Amro, joint par l’AFP. « Pour l’instant, il y a nettement assez de cacao pour répondre à la demande », a-t-il commenté, et « puisque la mise en place de ce prix plancher va mettre un an, plus ou moins, il y a un risque que les cours actuels redescendent », a-t-il averti.

Josiane Mambou Loukoula

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