Cameroun : Maurice Kamto libéré

« Le tribunal donne acte au ministère public, constate l'arrêt des poursuites et ordonne leur mise en liberté s'ils ne sont pas détenus pour autre chose, que ce qui leur est reproché », a déclaré la présidente de la Cour, devant laquelle tous les autres opposants (cent deux personnes) comparaissaient aux côtés de Maurice Kamto.

Aussitôt après la libération de son client, M^e Sylvain Souop, avocat à la tête du collectif de défense de Maurice Kamto et de ses partisans, a déclaré : « Nous prenons acte de la libération de nos clients, qui n’auraient jamais dû être en prison. Ils sortiront de prison après les formalités administratives nécessaires à leur libération ».

Maurice Kamto était en prison depuis fin janvier 2019. Il avait été arrêté avec des centaines de ses partisans à la suite de manifestations pacifiques organisées pour protester contre les résultats de la présidentielle.

Depuis, lui et ses partisans étaient poursuivis par la justice militaire, notamment pour « insurrection », un crime passible de la peine de mort, même si celle-ci n'est plus appliquée au Cameroun. Leur procès s'était ouvert en septembre et devait reprendre théoriquement mardi.

Au total, cent deux personnes ont comparu devant l’audience spéciale, dont de nombreuses personnalités de l'opposition arrêtées à la suite de ces manifestations.

Outre Maurice Kamto, parmi les personnalités dont le tribunal a ordonné la libération, se trouvent l'ex-conseiller économique du président Paul Biya, Christian Penda Ekoka; l’avocate camerounaise Michèle Ndoki; ou encore le célèbre rappeur Valsero, connu pour ses textes critiques à l'égard du pouvoir.

Rappelons que Paul Biya avait tout d’abord annoncé l'arrêt des poursuites contre certains responsables de l’opposition, notamment ceux du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, sans préciser si Maurice Kamto était concerné.

L’annonce du président camerounais était intervenue quelques heures après la clôture du grand dialogue national convoqué pour tenter de mettre fin au conflit séparatiste qui ensanglante les deux régions anglophones du pays. La veille, le président de la République avait déjà annoncé la fin des poursuites et la libération de trois cent trente-trois personnes arrêtées dans le cadre de cette crise.