Cap-Vert : Le Jazz au pays de la Morna

18-04-2015 10:30

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Du 7 au 9 avril, la capitale du Cap-Vert, Praia, située sur l'Île de Santiago, a accueilli la septième édition du Kriol Jazz Festival.

Ce festival est plutôt exclusif et ne cherche pas un public de masse. En effet, au petit pays il ne manque pas de festivals dédiés à la musique locale et rassemblant plusieurs milliers de spectateurs sur des plages spectaculaires. Les Capvedriens sont un peuple incroyablement et doué pour la musique. Là-bas, tout le monde joue un instrument, chante et rêve devenir musicien – même avec un boulot dans une banque ou assurance. Ce n’est pas surprenant de voir l'actuel ministre de la Culture, Mario Lucio Souza, être à la fois chanteur, poète et beau rêveur. 

À Praia, le Kriol Jazz festival cherche plutôt à faire découvrir à un public curieux, la classe moyenne locale, les nouveaux noms du jazz venu d'ailleurs. Le festival veut offrir un plateau aux stars locales qui se font rares au Cap Vert parce qu’ils tournent dans le monde. Enfin, derrière cette  programmation sophistiquée et exquise se cache la grise imminence de la musique capverdienne et lusophone, José Da Silva. Un homme modeste et difficilement remarquable dans les coulisses. 

Sept ans déjà que le festival existe. Et depuis trois ans, le ministre de la Culture Mario Lucio Souza a créé une foire musicale, Atlantic Music Expo (AME) qui commence avant le festival. Le Cap Vert investit dans la musique comme un produit d'export. AME a pour ambition d’offrir des showcase – un concert de moins de 1h- à une trentaine d’artistes. Pour la majeure partie des Capverdiens, c’est important de jouer devant des professionnels de l’industrie musicale – directeurs du festivals, agents, bookers et promoteurs culturels comme par exemple le Congolais Luc Mayitoukou (ZHE Culture) basé au Sénégal. Il fait partie du jury qui sélectionne des artistes surtout jeunes mais aussi des établis, comme Awadi  cette année qui fête les 25 ans de son groupe PBS.

Kriol Jazz Festival, une plateforme internationale

Cette année une trentaine d’artistes des deux rives de l'Atlantique étaient sélectionnés. Tous venaient du  Cap Vert, Guinée Bissau, Nigeria, Mozambique, Portugal, Mexique, USA et du Brésil. Quatre scènes ouvertes à tout public offert des concerts gratuits dans la zone piétonne du quartier historique Plateau dominé par l’architecture coloniale

Parmi les grandes découvertes de AME,  Elida Almedia, 22 ans, a fait la surprise. Jeune étoile montante de la musique capverdienne elle a étonné pour son style urbain, ses influences (Cold Play, Stromae) et des paroles qui racontent des histoires dures de la vie réelle du Cap-Vert – un phénomène récent influencé par le rap  qui est devenu énormement populaire dans le pays de « morna » et « batuca »

Le groupe ROPAZ100JUIZ qui se traduit comme un gars sans cerveau ou un un gars avec 100 cerveaux représente la nouvelle génération des musiciens capverdiens qui se sent limité dans les mélodies de « morna » et « batuca » traditionnelles et qui ont besoin de s'exprimer par la force du rap.

AME organise aussi des tables rondes pour les professionnels. L’un des thèmes  dédiés à « l'impact de la culture sur le pays »  est l’un des temps forts. La rencontre autour de « Comment la culture prépare l'avenir démocratique »  a permis à Awadi de parler du mouvement « Y en a marre » et le réseau des artistes Hip-Hop en Afrique.

Pour les concerts du KRIOL JAZZ FESTIVAL,  la place historique praça Luis Camões se transforme en un plateau musical. Les prix du concert sont autour de 10 000 Fcfa pour une soirée, une somme abordable pour les aisés au Cap Vert. La restauration improvisée assure toutes les saveurs des îles pendant les concerts qui commencent à 20h30 et se terminent vers 1h du matin. Les jam sassions au Club Freedom sur Gamboa plage sont gratuits et gardent les amateurs jusqu'au petit matin.

Cette année, Jose Da Silva a enchanté son public avec les grands noms du Jazz – comme Esperanza Spalding des USA, Céu du Brésil, Richard Bona du Cameroun basé à New York. 

Enfin, quand les plateaux du festival sont démontés à la fin du Festival, Praia redevient une ville normale mais la musique ne s’arrête jamais au Cap Vert.

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Kriol Jazz Festival, le festival du Cap-Vert