Centrafrique : la Misca passe la main à la Minusca

Lundi 15 Septembre 2014 - 21:00

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La Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) a passé le relais ce lundi 15 septembre à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (Minusca) qui a été créée le 10 avril dernier par la résolution 2149 en vue d’assurer la paix en Centrafrique, un pays en proie à des violences intercommunautaires.

Cette force onusienne dont le mandat est fixé jusqu’au 30 avril 2015 – ce qui est vraiment très court pour ramener la paix et la stabilité en Centrafrique –, va tenter d’enrayer les violences qui y sévissent depuis décembre 2013. Elle aura notamment pour mission de protéger la population, soutenir la transition politique, désarmer les ex-combattants, aider à la distribution de l’aide humanitaire et à la protection des droits de l’homme. En clair, cette mission des casques bleus visant à assurer la protection des civils, doit appuyer le processus politique, conduire à un dialogue et à des élections, et enfin au rétablissement de l’autorité de l’État. En attendant qu’elle réalise ses objectifs, plusieurs observateurs estiment qu’il cette mission sera difficile pour la force de l’ONU.

En prenant le relais de la Misca, la Minusca doit dépasser les limites de la force africaine en doublant les effectifs pour permettre une meilleure couverture du territoire. C’est ainsi qu’environ 800 soldats et policiers des Nations unies vont se joindre aux 5800 soldats déjà déployés sur place dans le cadre de la Misca. Et à terme, la force de l’Onu devrait compter 12000 hommes.

Outre cela, la Minusca était déjà appelée de tous les vœux par les Centrafricains parce qu’elle doit disposer des moyens de transport et de communication qui ont fait cruellement défaut aux soldats de la paix africains. Le chef de la Misca, le général Jean-Marie Michel Mokoko a évoqué les difficultés rencontrées par la force africaine en ces termes : « Les premiers jours du déploiement, nous n’avions pas ne serait-ce que les quelques équipements élémentaires de protection des hommes. Nous avions des gilets pare-balles qui manquaient, nous avions certains contingents qui n’avaient même pas de casque (…). Je pense que du point de vue des capacités, les Nations unies ont des moyens sans commune mesure avec ce que l’Union africaine pourrait mettre en jeu. Ils vont avoir des effectifs multipliés par deux, une composante aérienne, une flotte de transport, une flotte d’hélicoptères. C’est un avantage extraordinaire »

Avec le déploiement de la Minusca, l’Institut de recherche et d’analyses politiques Crisis Group, estime qu’il était déjà  indispensable de ressusciter l’Etat centrafricain comme acteur grâce à l’appui de cette mission de l’ONU afin que ce pays puisse désormais poser des actes effectifs aux yeux de sa population.

Le directeur de la société Okapi consulting, David Smith, qui conseille des organisations internationales en Centrafrique, note quant à lui que ramener la paix dans ce pays est un véritable défi.  « La question est de savoir combien de soldats il faut pour sécuriser un pays qui est une fois et demi plus grand que la France et dans lequel il n’existe aucune infrastructure adéquate comme les voies et moyens de transports. Dans ces conditions, déployer même 50 000 soldats ne serait pas suffisant pour sécuriser le pays », souligne-t-il.

Notons qu’il aura fallu plus d’un an pour voir se concrétiser cette mission des casques bleus en Centrafrique. Ce retard s’explique en partie au fait que l’UA a été très réticente à passer la main parce qu’elle voulait régler elle-même cette crise par sa propre force dont la Minusca devient aujourd’hui héritière. A cela s’ajoute une résistance de la part du Conseil de sécurité de l’ONU et de certains pays comme la Grande-Bretagne et les États-Unis qui en redoutaient le coût.

La Minusca va être dirigée par l’ancien Chef d’état-major des forces armées sénégalaises, le Général de Division Babacar Gaye, qui a été récemment nommé à ce poste par le secrétaire général de l’ONU. Le Général Babacar Gaye occupait précédemment le poste de représentant spécial du secrétaire général en Centrafrique depuis l’établissement de la Minusca en avril 2014.

 

Nestor N'Gampoula