Centrafrique : manifestation contre l’embargo de l’ONU sur la livraison d’armes

28-01-2019 17:00

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Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à statuer sur son renouvellement ou non, quelque trois mille Centrafricains, dont le Premier ministre, Mathieu Simplice Sarandji, ont manifesté, le 28 janvier, pour exiger la levée de l’embargo sur les armes dans leur pays, décrété en 2013.

« Le gouvernement respecte l’embargo alors que les groupes armés reçoivent des armes. Le peuple centrafricain ne peut pas comprendre cette loi de deux poids deux mesures », a déclaré le Premier ministre, sous les acclamations de la foule. « Il y a un verrou qui mérite d’être levé, c’est l’embargo qui frappe nos forces de défense et de sécurité », a-t-il insisté sur un podium de la place des Martyrs, devant le Stade 20 000-places de Bangui.

Pour les manifestants, la France qui fait partie des membres du Conseil de sécurité est ciblée comme étant responsable du maintien de l’embargo. « On a des militaires qui ne travaillent plus à cause de l’embargo, c’est à cause de la France (…). Seule l’armée peut assurer la sécurité de la RCA. On veut que la Centrafrique retrouve sa souveraineté, on veut la levée totale de l’embargo », a avancé un manifestant, tandis que plusieurs pancartes incriminaient Paris.

Les autorités centrafricaines ont plusieurs fois vainement demandé la levée de l’embargo sur les armes. Mais deux pays, notamment la Russie et la France, ont obtenu depuis 2017 des exemptions pour livrer des armes à la Centrafrique dans le cadre de la reformation de son armée. Par contre, une demande chinoise similaire n’a pour l’heure pas abouti pour des raisons inconnues.

La livraison d’armes par ces pays, loin de favoriser le retour de la paix en Centrafrique, a plutôt donné lieu à de nouvelles violences. « L’acquisition récente d’armements par le gouvernement a incité les factions » de l’ex-rébellion de la Seleka « à opérer un réarmement », notait un rapport des Nations unies en 2018.

La manifestation contre l’embargo d’armes a été organisée au moment où les autorités du pays et quatorze groupes armés sont en conclave à Khartoum, au Soudan voisin, pour un dialogue en vue d’aboutir à un accord de paix.

Rappelons que la Centrafrique a sombré dans la violence après le renversement en 2013 de l’ex-président, François Bozizé, par la rébellion Séléka, entraînant la contre-offensive de groupes antibalaka, milices se présentant essentiellement comme chrétiennes.

Nestor N'Gampoula

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