Centrafrique : une branche anti-balaka appelle au calme

Mardi 18 Décembre 2018 - 12:47

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Quelques jours après l’arrestation de leur ancien coordonnateur par les autorités françaises à Paris, conformément à un mandat d'arrêt de la Cour pénale internatioale (CPI), plusieurs leaders du mouvement rebelle ont invité, le 16 décembre, leurs partisans à la vigilance.

Lors d'une conférence de presse, de nombreux dirigeants de l'ancienne milice anti-balaka ont appelé les Centrafricains, en général, et leurs combattants, en particulier, au calme et à ne pas céder à la manipulation. Pour ces responsables, l'arrestation de Patrice-Edouard Ngaïssona, le 12 décembre à Paris, est un « complot » de « l'extérieur » visant à déstabiliser la République centrafricaine. « Le cas des deux leaders antibalaka, Alfred Yékatom Romboh et Patrice-Edouard Ngaïssona qui vient d'être arrêté à Paris, en témoigne bien le complot qui se prépare depuis l’extérieur pour déstabiliser les institutions légitimes établies », a martelé Thierry Lébéné, allias Douze puissances, un des chefs de ce mouvement dit « des Patriotes ».

Selon ces leaders anti-balaka, les « manœuvres » de la justice internationale visant une seule partie de la crise centrafricaine ont pour but de pousser les combattants à la révolte et à semer le chaos. « Au-delà de la bonne volonté des patriotes anti-balaka qui ont déposé les armes et œuvré pour la paix en Centrafrique, ces derniers deviennent une cible pour la justice internationale alors que les principaux leaders de la Séléka, bien qu'interdits de voyager, circulent librement et ne sont pas inquiétés», a regretté Thierry Lébéné, poursuivant : « Devant cette manipulation passive des puissances nuisibles, nous prenons à témoin la communauté internationale pour une justice de deux poids deux mesures tendant à soulever les Anti-balaka et destituer Faustin Archange Touadera»;

Contrairement aux anti-balaka, l'aile Mokom et faction Ngaïssona qui ont annoncé leur retrait du gouvernement, du comité consultatif de suivi du DDR et de la feuille de route de l’Union africaine, cette branche semble plutôt conciliante et réaffirme son attachement à tous ces processus. Signalons que deux des principaux mouvements des milices « d'autodéfense » anti-balaka ont décidé, vendredi dernier, de se retirer du processus de désarmement mis en place en 2017. Dans un communiqué séparé, l'autre grande branche anti-balaka dirigée par Maxime Mokom dénonce « une chasse aux sorcières ».

En conséquence, les deux factions appellent leurs représentants à se retirer du processus de Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), dont la première phase a été mise en place en 2017 en Centrafrique avec le soutien de l'ONU. Patrice-Edouard Ngaïssona, ex-coordinateur des anti-balaka, également dirigeant du football centrafricain et africain, a été arrêté à la suite d'un mandat d'arrêt lancé contre lui par la CPI pour sa responsabilité présumée dans des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans l'ouest de la Centrafrique, entre septembre 2013 et décembre 2014. Son arrestation est intervenue moins d'un mois après celle d'un autre ancien chef de milice anti-balaka, Alfred Yekatom, également sur ordre de la CPI.

Actuellement le calme règne à Bangui et à l'intérieur du pays, selon certains observateurs mais, la psychose est présente au sein de la population, craignant un regain de violence. Cet appel au calme ne fait pas l'unanimité au sein de la base des anti-balaka tant à Bangui qu'à l'intérieur du pays.

 

Yvette Reine Nzaba

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