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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Henri Germain Yombo, alias Beethoven

Mardi 2 Janvier 2018 - 11:35

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Des calicots au vent annoncent au public de nos grandes artères le prochain concert qu’organise le groupe GPY (Groupe Pela Yombo). C’est sous ce label qu’exerce le Congolais Henri Germain Yombo, dit Beethoven. Le nom, dit-on, est l’essence de l’homme. Dans son cas, prédestination ou hasard ? Une chose est certaine, ce jeune homme est né à Makoua, le 29 décembre 1960, année de l’accession du Congo à l’indépendance. Je me souviens qu’avant sa naissance, dans l’ivresse de la fête de Noël, nos aînés chantaient : « Noël, Noël baninga to bina lelo Noël ». Lorsque Jacques Opangault devient, en 1957, vice-président du Territoire du Moyen-Congo, cette rengaine est déformée : « Noël, Noël Youlou fua ka fua, Opangault gagniri ». Quelque temps après, en 1958, Youlou est élu Premier ministre. La même rengaine se transforme en un air apologétique : « Noël, Noël Opangault Fua ka Fua, Youlou a gagné ». C’est le signe manifeste de la versatilité du peuple, prêt à brûler, aujourd’hui, ce qu’il a adoré hier.

Henri Germain Yombo doit son sobriquet à « Alléluia », un ancien élève du lycée Champagnat de Makoua, amoureux de la musique, qui l’en a affublé. Lui, il se faisait appeler Ringlis. Il est alors en classe de CE2 (cours élémentaire 2e année). Quelques années après, il s’installe à Brazzaville, à Poto-Poto. Beethoven débute, au milieu des années 1970, dans l’organisation des concerts, alors qu’il est encore en classe de seconde, produisant tour à tour, au dancing bar Chez Bouya, à Poto-Poto, des musiciens comme Papa Wemba, Évoloko, Fernand Mabala, Daron Massika et son groupe Ras Kebo, etc. À partir de cette époque, sa vie a pour toile de fond la musique. Sa proximité avec Monzo Chirac, mélomane pur jus, qui s’essayait, à la production phonographique, peut expliquer cette vocation. Sans exagérer les difficultés, on peut dire que le métier qu’il a choisi n’est pas toujours facile. Il persévère pourtant dans cette voie, pour tirer son épingle du jeu. Coûte que coûte, il tiendra bon dans ce chemin qu’il avait emprunté qui était semé d’embûches. Des années à se préparer dans l’ombre, il recueille les fruits de son labeur passionné. Sa route croise celle d’Adam, un de ses amis de Poto-Poto. Celui-ci le présente sa sœur, Solange Kamara, qui lui donnera un sacré coup de main. 

Après la guerre, dite du 5 juin 1997, alors que Brazzaville est plongée dans la torpeur, Beethoven essaie de chasser le spleen ambiant. Il organise des concerts pour redonner vie à la ville qui se morfondait dans une atmosphère morbide. La paix définitivement installée, il crée « Les Sanzas de Mfoa », moment festif mais aussi de récompense des talents artistiques du Congo et d’ailleurs. Cette manifestation en est à sa 15e édition. Sans rompre le fil conducteur de son action, il décide de créer le concept « La nuit du Congo à … », sorte de diplomatie culturelle, pour redorer l’image du Congo, sérieusement laminée par les médias étrangers. Il s’agit par cette manifestation de donner une image plus valorisante du Congo. Deux villes: Paris, en France, et Clivio, en Italie, ouvrent le bal de nouveau concept, en 2006. Rome vient, cette année, d’en abriter la 10e édition.

Le 14 décembre 2007, Henri Germain Yombo est désigné commissaire général du Fespam (Festival panafricain de musique), par note n°660 du 14 décembre 2007, du ministre de la Culture et des Arts, Jean-Claude Gakosso, également président du comité de direction du Fespam. Il n’y reste que peu de temps, avant de retrouver ce qu’il sait faire de mieux, avec la liberté en plus, l’organisation des spectacles. Beethoven a bâti sa renommée dans cette activité. Bonne route l’artiste !

Ce Brin d’Histoire clôt l’année 2017. Soupirons ! Certains de nos compatriotes viennent de percevoir, coup sur coup, deux salaires, en ce mois de décembre, après les tribulations et les vicissitudes qui ont marqué cette année qui s’en va se perdre dans les décombres de l’histoire. C’est de bon augure. 2017 s’achève globalement sur une note plus allègre qu’elle n’avait débuté. Pour parodier Jean d’Ormesson, ce funambule du verbe qui vient de quitter ce monde, l’année 2017, en dépit de tout, « était quand même belle », pour tous ceux qui l’enjamberont pour entrer dans la nouvelle année. À tous les lecteurs de Brin d’Histoire, et à tous les Congolais, bonne année 2018.

 

 

Mfumu

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