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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : la démocratie

Jeudi 4 Janvier 2018 - 20:45

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Chassez la politique des colonnes de Brin d’histoire, elle revient au galop. Après deux livraisons à la faconde onirique, la politique nous rattrappe sous la forme d’un accord de paix relatif au conflit du Pool et à l’élection de George Weah au Liberia.

La signature de l’accord entre le gouvernement de la République et les représentants du pasteur Ntumi, au terme d’un véritable  jeu de massacre, suggère une interrogation. Pourquoi ce conflit récurrent et le recours permanent au pain de dynamite ? Après des années de lutte armée, aucune explication crédible n’est avancée. On subodore un combat pour l’alternance démocratique.  Fumeux, que tout ça ! La démocratie cuite et recuite à toutes les sauces est délivrée dans un galimatias qui fait croire à ceux qui en usent, qu’ils sont intelligents.  Notre compendium de la démocratie repose essentiellement sur une approche fondamentalement théorétique. On parle sans cesse, alors qu’on est un personnage frelaté, prêt à toutes les compromissions.  Notre classe politique est plombée par son parcours fait d’incompréhensibles contorsions. À l’évidence,  la démocratie née de la Baule est une « idée neuve » au Congo, mal assimilée et mal intériorisée. Chacun y va de sa démocratie et, à l’arrivée, c’est la Tour de Babel. Il en résulte des positions aux antipodes de ce que postule la  démocratie qui devient ainsi un leurre, nourri par la cécité des uns et des autres qui bataillent et pinaillent sur des questions peccantes. L’imprécation n’est jamais loin dans les joutes capricantes de « ce monde mental qui ment monumentalement », selon le bon mot de Jacques Prévert.

Après trois tentatives, Mitterrand et Chirac ont fini par accéder au graal, la présidence de la République française ; l’un en 1981, l’autre en 1995. Leur hargne et leur volonté à briser la malédiction de la défaite a duré des années. Convaincus tous les deux que leur heure finirait bien par arriver, ils ont occupé l’espace que leur concédait la démocratie, prêts pour le round électoral suivant. C’est de cette façon que l’on construit une stature de leader.  Au Liberia, George Weah a connu quasiment le même cheminement. Après deux tentatives infructueuses, la troisième a été la bonne. Depuis le 28 décembre dernier, il est le nouveau président élu du Liberia. Chez nous, sans battre campagne,  on pense qu’on peut être élu ; sans jamais avoir fait ses preuves nulle part et  sorti du Diable Vauvert, on se voit président de la République. Des inconnus sans faits d’armes probants sont propulsés au firmament et se voient donc capables de diriger le Congo, tant leur ascension a été rapide et « fulgurante ». Ils sont, en dépit des limites réelles, « en constante surévaluation mégalomaniaque », oubliant qu’ils sont entrés  en politique par inadvertance, par le bon vouloir d’un individu. Ils s’en désolidarisent dès qu’ils sont mis à l’écart. Au Congo, pays des simagrées, l’opposition est bourrée de ces recalés du gouvernement qui se recyclent en contempteurs d’un homme qu’ils ont servi. Aucun acte  gratifiant à leur actif.  Conséquence : l’éternelle confrontation des égos qui avilit la vie politique dans notre pays. Un travestissement. Les gesticulations de ces démiurges du pire, qui éructent contre toutes les actions du pouvoir en place, avec une mauvaise foi et une absence de probité évidentes,  relèvent d’un désir de survie politique. Emberlificoté, empoté, confus, scabreux, le discours politique est aujourd’hui d’une incongruité ostentatoire. Quelques moutonniers, sur la toile et sur certaines chaînes internationales de radio et de télévision,  relaient ce « prêt à penser » aux effluves délétères.

Une mauvaise compréhension de la démocratie a plongé le Congo dans une confusion politique absurde. Le monde est ainsi fait qu’aujourd’hui, dans ce pays, chacun se considère porteur d’une mission messianique pour « sauver » le Congo.  Dans un tel contexte, la crise économique et financière n’arrange rien. Le Fonds monétaire intenational et la Banque mondiale, appelés à la rescousse, exigent des réformes pour remettre le Congo sur les rails. Le gouvernement pachydermique est en point de mire, de l’avis du public.  Mais cette remise en ordre ne peut se faire sans un coup de pied donné dans  la fourmilière. Le chef de l’Etat, pour concrétiser sa  « vision » d’un Congo prospère et solidaire, devrait user d’un seul discriminant : l’excellence. Elle a tellement fait défaut aux équipes gouvernementales précédentes. Foin de gérontocratie et de jeunisme.  Dans ce sens, sa déclaration, le 30 décembre dernier, devant le parlement, réuni en congrès, sonne juste : « Nous devons promouvoir l’excellence… ». En tout état de cause, il lui  revient la responsabilité de donner des signaux forts. « Le rôle du chef, c’est de cheffer », pour reprendre une expression de l’ancien président français, Jacques Chirac. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.                                                                                                                                                                                                                       

 

Mfumu

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