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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : le 53e anniversaire des Premiers Jeux africains

Samedi 28 Juillet 2018 - 12:29

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Du 18 au 25 juillet 1965, se tinrent à Brazzaville, les Premiers Jeux africains. Une tribune sur cet événement historique a été diffusée par Télé-Congo, le 25 juillet dernier, à l’initiative du ministre des Sports et de l’éducation physique, Hugues Ngouélondélé. 

Le public a besoin de connaître l’histoire du sport au Congo. Les Premiers Jeux africains qui eurent lieu dans la capitale congolaise sur les rives du majestueux fleuve Congo constituent l’élément fondateur de l’olympisme congolais et africain. Pour la première fois, les Africains organisèrent une manifestation sportive d’envergure en Afrique, destinée aux Africains. Le Congo eut donc l’honneur de le faire.

La tribune sur Télé-Congo a connu la participation de quelques acteurs de ces Premiers Jeux africains. Joseph Gabio et son collègue Germain Bisset, décédé depuis, furent les deux journalistes-reporters chargés de couvrir cet événement. Joseph Gabio, en 1965, historien de l’instant, est désormais, avec le temps qui s’est érodé, historien tout court. Il a rappelé, d’entrée de jeu, que les Jeux africains sont une initiative du gouvernement de l’abbé Fulbert Youlou. Ils sont un bel exemple de continuité de l’Etat puisqu’ils furent organisés par le président Alphonse Massamba-Débat. Sur le terrain, Boniface Massengo et Jean-Claude Ganga furent de tous les combats. Grâce à leur pugnacité, ils réussirent à faire face à tous les impondérables. Jean-Claude Ganga devint, par la suite, le secrétaire général du Cssa (Conseil supérieur du sport en Afrique), initié à Brazzaville, et créé à Bamako après les jeux.

Parenthèse. Le barrage de Sounda, projet économique emblématique de la première République, ne connut pas l’heureux destin des Premiers Jeux africains. Il fut simplement remisé dans les tiroirs de l’histoire. En effet, par une loi du 22 décembre 1960, l’Assemblée nationale déclara d’utilité publique les travaux d’aménagement hydroélectrique du Kouilou. Le premier coup de pioche du barrage de Sounda fut donné au début de l’année 1961. La réalisation de ce barrage représentait sept milliards de KWh. Après la Révolution des 13, 14 et 15 août, il n’en fut plus rien.

Joseph Gabio, dans son évocation historique, a martelé que les médaillés des Premiers Jeux africains de Brazzaville étaient tous, à quelques exceptions près, des purs produits de l’école et de l’Onssu (Office national du sport scolaire et universitaire). Eta Onka, lycéen à l’époque, en est le parangon. Médaillé de bronze au basketball, il a insisté sur la nécessité de la préparation dans la performance sportive. Emmanuel Mossendzedi (colonel à la retraite), volleyeur, médaillé de bronze, a poursuivi le propos de son alter égo, en mettant l’accent sur la discipline qui constitue l’élément de base de l’action collective. Dans son sillage, Foundoux Mulélé a rappelé qu’en dépit d’une véritable levée de boucliers, Claude-Ernest Ndalla, ministre des Sports, à la veille des jeux, maintint sa décision de suspendre certains footballeurs, parmi les meilleurs de la sélection nationale congolaise. Ils avaient commis l’imprudence de déserter leur lieu d’internement, Makala, dans la banlieue sud de Brazzaville, pour aller au Pavillon Bleu, snack-bar jouxtant le mythique bar Chez Faignond, à Poto-Poto. Informé de cette escapade, le ministre se rendit directement à Makala pour les cueillir à leur retour. Ce qui fut fait. Il leur intima l’ordre de quitter l’endroit sur-le-champ, au nom de la discipline. « Mieux vaut perdre avec des joueurs disciplinés que gagner avec des joueurs indisciplinés », poursuivit-t-il, à cette occasion. Leur mise à l’écart n’empêcha pas le Congo, après le score de zéro à zéro, au terme du match, de remporter la médaille d’Or par sept corners contre deux pour le Mali. Mission accomplie pour Congo-Sport, ancien nom de la sélection congolaise. Mulélé évoqua opportunément le règlement : en cas d’égalité au coup de sifflet final, les deux finalistes seraient départagés au nombre de corners obtenus. Enfin, Foundoux Mulélé a mis un accent insistant sur la formation.

Seule femme de cette tribune, Bernadette Loko, l’une des sept athlètes féminines aux jeux de Brazzaville, avec, entre autres, Loufoua, Labare et Lucienne Galiba, a conté leur épopée. Certes, aux Premiers Jeux africains, elles ne remportèrent pas de médaille mais il n’en demeure pas moins qu’elles réussirent, depuis, à donner à l’athlétisme ses titres de noblesse. Il sied de signaler que cette tribune a été animée par Guy Alain Mendom, chef de service Sports de Télé-Congo, et par votre serviteur. Le temps ne nous a pas permis d’aborder le sujet sur le changement ou non du nom de nos équipes nationales. Dans un article paru dans le journal "Le Chemin" n°304 de mars 2018, Joseph Gabio écrivait : « Avant la CAN de 72 l’équipe nationale du Congo s’appelait "Congo-Sport". À Douala, après leur match contre le Soudan, tenant du titre, les Congolais avaient tellement surpris et brillé que Jacques Ferrant de "France football" s’exclama :"Mais qu’ils sont terribles ces Diables de Congolais ! "   Et comme les Congolais étaient allés au bout de leur exploit, de plus belle il parlait des "Diables rouges" et leur "sorcier" Mbono. C’était parti. Germain Bisset et moi-même adoptions"Diables rouges" au détriment de"Congo-Sport" ». Le débat est ouvert.

Après cette seconde parenthèse, que puis-je dire, au terme de cette tribune, d’une forte charge émotionnelle pour les participants ? Trois mots : formation, préparation et discipline qui constituent le ferment de la victoire et du succès en sport et sans doute ailleurs. Ce triptyque, par une heureuse coïncidence, est au cœur de l’action du ministre des Sports et de l’éducation sportive visant à redorer le blason du sport national. Il en a fait son cheval de bataille. Bon vent à lui !  Les véritables héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

Mfumu

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