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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Loango

Jeudi 21 Septembre 2017 - 15:53

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Lieu anecdotique dans l’histoire de l’esclavage, l’île de Gorée capte toute la lumière au détriment des ports historiques de Ouidah au Benin ou Loango au Congo. D’autres, plus aptes, pourront en parler à bon escient. Ce que l’on peut dire sur ce sujet, c’est qu’il est incontestable que des milliers de bateaux ont embarqué des millions d’esclaves à partir de Loango, pour un voyage sans retour.

Un document digne de foi rapporte que « le Loango a formé pendant des siècles un important royaume côtier, tributaire de celui du Kongo, qui englobait l’embouchure du fleuve. Signalé dès le XVIe s. par Duarte Lopez et décrit vers 1604 par Andrew Battel, le royaume de Loango, qui domina l’intérieur aux XVIIe et XVIIIe s., avait à sa tête un roi divin, le «Maloango», que personne de sa cour ne pouvait voir boire ou manger, et auprès de qui le rôle de bouffon était tenu par des noirs albinos.

La sœur de roi avait une place éminente et quatre de ses fils gouvernaient les quatre provinces du royaume, l’aîné étant l’héritier. Cette pratique matriarcale des Bantous était répandue dans tout le bassin du Congo. L’imitation de certains aspects formels du christianisme (qui avait réalisé au XVIe s. une passagère expansion dans le royaume du Congo) s’est retrouvée au Loango, où la croix est utilisée dans le puissant arsenal magique local, ainsi que des fétiches portant des cavités vitrées. Dans cette région, on remarque la fréquence de la croix gammée comme motif décoratif, dans la vannerie et les tatouages abdominaux des femmes.

Pris entre les Loango (ou Bavili) et les Fang du Nord-est, le peuplement de l’intérieur est très morcelé. Sur la côte, il a perdu ses caractères culturels devant une forte européanisation.

C’est de Loango que partait la Route des caravanes, nom donné à la piste pour piétons, de tracé et de parcours difficiles surtout à la saison des pluies, qui seule reliait la côte à Brazzaville et alimentait tous les postes échelonnés jusqu’aux confins de l’Oubangui et du Soudan. Le trafic était normalement assuré par des porteurs Loango, portant de bout en bout des charges de 30 kg sur les 550 km. du parcours. À partir du mois d’août 1896, le transport à travers le Mayombe des 20.000 charges de la mission Marchand, posa un difficile problème que ne pouvait contribuer à résoudre la nouvelle voie ferrée belge de Matadi à Léopoldville, que l’on venait seulement d’inaugurer. Outre le manque de porteurs, l’état de rébellion de l’intérieur du Moyen-Congo dans la zone montagneuse contribuait à rendre la situation inextricable et le trafic fut interrompu complètement pendant plusieurs mois. C’est au lieutenant Mangin que revint le mérite d’organiser une ligne d’étapes jalonnée de postes actifs, dont Loudima était le centre, de pacifier le pays et d’apprivoiser les populations pour obtenir des porteurs volontaires. Après le passage de la mission, la route des caravanes, améliorée, devant encore être le cordon ombilical du Congo français.

La première mission catholique du Moyen-Congo fut fondée à Loango en 1883 par les pères Carrie et Duparquet. En 1886, elle fut érigée en vicariat et Mgr Carrie en fut le premier évêque (+1904). La concession sur laquelle est construite la mission fut achetée au chef coutumier, appelé « le Maloango », en 1882. Elle vit le passage de Brazza et du père Augouard, et fut une localité relativement importante au point de vue commercial jusqu’en 1914. À cette époque, les principales maisons de commerce y avaient leur comptoir. L’avènement de Pointe-Noire mit fin à la prospérité de la localité qui, en dehors de la mission, n’a rien conservé de son passé. Il subsiste quelques bâtiments qui remontent à l’origine de la mission : une maison abritant l’imprimerie, dont les machines datent de 1885, a été construite en 1883 ; la chapelle, en planches et tôle ondulée, décorée dans le goût portugais, date de 1884. Les autres « cases », qui abritaient le « palais épiscopal », le presbytère, les magasins, l’économat et le dortoir des internes, remontent à 1890 ».

De Loango, on pouvait atteindre, par des passages de sable, la Pointe Indienne. C’est dans cette région qu’eurent  lieu d’importantes recherches pétrolières dont les travaux, dirigés par la S.P.A.E.F. (Société pétrolière de l’Afrique équatoriale française), aboutirent à la découverte des gisements qui font, aujourd’hui, du Congo, un pays pétrolier. De Loango on atteint assez facilement par la route de Diosso l’embouchure du Kouilou. Quelques anachronismes qui ponctuent le texte susmentionné s’expliquent par le fait qu’il date de 1962. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit. 

 

 

MFUMU

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