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Ces oubliés et méconnus de l’histoire congolaise : la radicalisation de la Révolution

Vendredi 8 Décembre 2017 - 10:51

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Il y a plus de quarante ans, au Congo, Marien Ngouabi, président de la République et fondateur du Parti congolais du travail, lança une campagne en vue de la radicalisation de la révolution et d’un redressement salutaire pour accélérer le mouvement révolutionnaire dans le pays. Cette radicalisation fut sous-tendue par la Déclaration du 12-12-75. C’était un mouvement révolutionnaire profond. Sa mission essentielle était de modifier qualitativement la situation dans notre pays. À l’époque, des mesures courageuses avaient été envisagées dans plusieurs directions, notamment au niveau de l’appareil d’Etat, caractérisé par sa lourdeur et son inefficacité, loin de répondre aux impératifs d’un Etat véritablement révolutionnaire. À ce sujet, la déclaration suggérait que : « la nouvelle équipe gouvernementale qui sera mise en place devra être constituée d’éléments engagés et aura pleins pouvoirs […] pour débloquer la situation actuelle caractérisée par le laisser-aller, l’absence quasi-totale de l’autorité, afin de mettre à exécution de façon efficiente […]».

A propos de l’incompétence ou l’inconscience des cadres, la Déclaration du 12-12-75 notait : « mal inspirés dans leurs choix, le parti et le gouvernement confient souvent la direction [des entreprises d’Etat] à des cadres techniquement peu qualifiés ou insuffisamment expérimentés ». Il pourrait aussi s’agir des membres du gouvernement, ajouterais-je ! « Et, lorsqu’il arrive que ces choix portent sur des cadres qualifiés, ceux-ci se révèlent à leur tour inefficaces… ». Concernant la course effrénée aux avantages matériels, la Déclaration du 12-12-75 constatait que les cadres «se préoccupent avant tout de la satisfaction de leurs intérêts matériels […] ». Quant à la pléthore des effectifs, elle est «le plus souvent le fait des responsables politiques et syndicaux, soucieux de se constituer une clientèle à base subjective ».

Le temps semble s’être arrêté depuis. Et, en 2017, les mêmes maux continuent de miner le pays. « Autres temps, autres mœurs », en changeant quelques mots et en l’adaptant à la situation actuelle, fortement déprimée, la même déclaration pourrait donner : « une nécessaire campagne  de radicalisation en vue d’une redynamisation de l’action gouvernementale et d’une accélération du développement économique ».

L’effondrement du cours des matières premières, pas seulement, a dangereusement ébranlé l’économie nationale. Cette situation est aggravée par la mauvaise gouvernance et l’incurie ambiante. Acculé par la crise, le peuple veut un changement de paradigmes de la gouvernance pour  mettre un terme au laxisme, à la permissivité, l’inexpérience et l’incompétence de ceux qui ont la charge de mettre en musique le programme du président de la République. Une forte exaspération sourde. Du peuple profond remonte la clameur d’un désir d’aggiornamento politique pour  mettre fin aux boulets qui plombent nos capacités de rebond et contrarient la mise  en pratique de la rupture prônée par Denis Sassou N'Guesso. Ce qui implique que l’excellence, la compétence, l’ardeur au travail, l’efficacité et la performance deviennent la praxis collective « d’une autre façon de faire la politique », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Hugues Ngouélondélé, qui a tant fait couler d’encre à sa parution. La rupture doit être le fil d’Ariane du gouvernement, c’est-à-dire le moyen de se diriger au milieu des difficultés actuelles. Le peut-il ?

Rien n’est moins sûr ! Comme une réminiscence, j’écrivais, il y a quelques années, au sujet des nominations aux postes civils et militaires au Congo: que « Molinga redevienne civil ». Quoi de plus normal ? « Molinga » désigne quelqu’un qui a perdu une fonction. Une fonction n’est pas une profession. Si des gens, aux limites de l’incompétence avérée, refusent de quitter leurs fonctions, il faut les y contraindre. La tentation, dans ces cas, pour ceux qui sortent du gouvernement, est de passer à l’opposition. Celui qui fait peut défaire.

Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

                                                                                                      

Mfumu

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