Changement climatique : « les jeux ne se feront pas à Paris »

Mercredi 4 Février 2015 - 13:13

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La mobilisation des financements pour la lutte contre le réchauffement climatique rencontre peu d'adhésion. Or ces financements sont déterminants pour l'accord pour la COP 21.

Selon certaines estimations, le coût de la réduction des gaz à effet de serre oscillerait entre 500 milliards et 1500 milliards d'euros. Paris doit accueillir la conférence COP 21 en décembre prochain, avec pour impératif la signature d'un accord mondial visant à limiter le réchauffement climatique après 2020 à 2°C. À ce jour, les moyens financiers pour y faire face sont insignifiants et les besoins pressants.

Dans les accords de Copenhague et de Cancun, les pays occidentaux s'étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an de financement publics et privés pour la période pré 2020, seul espoir pour les pays en développement pour planifier leur politique d'adaptation aux effets du changement climatique.

À ce jour, tout patine. Même le Fonds vert pour le climat dont certains pays comme la France, l'Allemagne ou le Japon s'étaient engagés frôle son objectif de 10 milliards de dollars. À ceci, il faut ajouter que certains outils de financement prévus par le protocole de Kyoto, comme le Mécanisme de développement propre (MDP – qui permet aux pays développés de financer des projets « verts » dans les pays en développement), ont atteint malheureusement leurs limites. Les pays en développement attendent que leurs homologues tiennent leurs promesses.

Du côté des pays émergents, comme la Chine et l'Inde, c'est le statu quo. Ces pays n'ont pas l'intention de desserrer les cordons de leurs bourses avant d'avoir obtenu certaines garanties.

La position des ONG

Romain Benicchio d'Oxfam France estime qu'il faudrait d'abord résoudre la question des financements pré 2020 avant de s'intéresser aux financements post-2020. Récemment à Lima, les pays participants appelaient les pays développés à fournir un soutien financier renforcé aux pays en voie de développement, notamment les plus vulnérables. Pour Romain Benicchio, c'est le « peu d'engagement des pays développés sur le front des financements qui ralentit les négociations », convaincu que les « jeux ne se feront pas avant Paris ».

Recours aux financements privés

Appelés à la rescousse, les financements privés, leurs modalités de comptabilité resteraient encore vagues, d'après les Ong, citant le cas de l'Agence française de développement (AFD) et sa première émission obligataire « verte ». La thématique fera d'ailleurs partie des enjeux des négociations de Paris Climat 2015.

Aujourd'hui, la contribution du secteur privé est difficilement quantifiable, « faute de standard d'évaluation clair et unifié », regrette Romain Benicchio. Ce qui est certain, c'est que les financements privés devraient représenter une part de plus en plus importante des fonds à destination de la lutte contre le réchauffement climatique, au vu des montants nécessaires pour atteindre l'objectif fixé, maintenir le réchauffement à 2°C et les contraintes budgétaires des gouvernements.

Le secteur des énergies fossiles a le vent en poupe

Les énergies fossiles connaissent un afflux d'investissements, plus rentables et à forte émission de gaz à effet de serre, d'après les experts. Oxfam estime un total de 1 900 milliards de dollars de subventions dirigées vers des énergies fossiles chaque année, susceptibles d'engendrer d'immenses dégâts. Les rythme ne ralentira pas, « faute d'engagement politique solide en faveur d'une orientation », regrette les ONG, qui estiment que 6 000 milliards seront consacré dans les dix prochaines années à leurs développement. 

Noël Ndong