Chine/Afrique : « le PIB de l'Afrique égalera celui de la Chine en 2040 » selon Jean Michel Severino

Jean Michel Severino est convaincu que d'ici à 2040, le Produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique aura rattrapé celui de la Chine d'aujourd'hui, soit 7.690 milliards d'euros en 2013. Il explique que le continent africain sera de plus en plus poussé par la consommation intérieure et une classe moyenne qui comptera 1,1 milliard d'individus en 2060.

Il pense qu'en 2050, l'Afrique comptera entre 500 et 600 millions de représentants de la classe moyenne, soit plus que la Chine actuelle. Seulement, le continent africain abritera aussi le plus de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, prédit-il. Soit 600 à 700 millions de personnes vivant avec 1 et 2 dollars par jour.

« Ce continent va donc continuer à être le continent de tous les paradoxes, celui de l’émergence des infrastructures, de l’explosion économique », relève Jean Michel Severino, estimant qu’il n’y a rien à faire pour contrer cette situation. Les inégalités étant entrain de s’accroître fortement dans le continent, allant plus vite que ce que l’histoire de l’économie a expérimenté en Asie. L’inégalité africaine reposera en partie sur des marginalisations ethno-culturelles porteuses de tensions géopolitiques, souligne-t-il.

La croissance africaine reste insuffisante pour absorber la demande de l'emploi et contrer les phénomènes de marginalisation, souligne Jean Michel Severino. Autant de paramètres qui lui font dire que la croissance africaine, alimentée par la demande intérieure est différente de la croissance asiatique nourrie par les exportations.

Pour l'ancien patron de l'AFD, « la croissance africaine est très capitalistique, liée au faible contenu manufacturier de son économie, à une composante agricole lourde et à une très faible présence de grandes entreprises africaines ».

L'Afrique va créer 5 millions d'emplois d'ici 2020

Jean Michel Severino prédit que dans les 5 prochaines années, l'Afrique va créer 5 millions d'emplois, ce qui est sans précédent dans l'histoire de l'économie mais suffisant pour satisfaire la demande additionnelle évaluée à 110 millions de nouveaux arrivants sur le marché du travail.

En attendant que les prédictions se réalisent, l'Afrique fait face à une rapide reconstitution du stock de sa dette à la vague d'annulation. Il prend le cas du Ghana dont les services de la dette représentent 50% de ses ressources fiscales.

Il faut reconnaître que ces risques macroéconomiques ont un impact sur la capacité redistributive de l'État dans ses missions sociales. Autre paramètre évoqué par Jean Michel Severino, c'est l'impact environnemental né de la pression démographique qui pourrait affecter la croissance du continent.