Chronique : l’Afrique et le véhicule électrique

Jeudi 6 Février 2020 - 21:13

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Devenu au cours de ces dernières années un enjeu important chez les constructeurs automobiles, le véhicule électrique a encore du mal à se faire une place sur le continent africain, alors qu’il est de plus en plus présent dans les pays riches.

Quelques pays africains, à l’instar du Congo, du Cameroun, de la Cote d’Ivoire, de la Guinée ou du Togo, possèdent un modeste réseau de bus électriques circulant en nombre très limités et exclusivement en ville. Seule l’Afrique du Sud, qui mise depuis plusieurs années sur la mobilité électrique, fait figure de véritable pionnier en la matière sur le continent.

Pour l’Afrique du Sud, les objectifs sont clairs : bâtir une véritable industrie de la voiture électrique, mais aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette politique de promotion de la mobilité électrique ouvre la porte à des investissements de grands groupes : Nissan et BMW élargissent leurs réseaux de stations de recharge pour voitures électriques, tandis que Tesla envisage à terme de renforcer son offre dans le pays.

Fabriqués par le groupe Bolloré, on retrouve des bus électriques au Congo développés par la marque Bluecongo. Ces bus circulent exclusivement dans les deux grandes villes du pays, à savoir Brazzaville et Pointe-Noire. Aujourd’hui, le Rwanda entre de plain-pied dans la danse du véhicule électrique puisqu’il a récemment lancé en collaboration avec les entreprises allemandes Siemens et Volkswagen un projet pilote baptisé Moving Rwanda Initiative, devenant ainsi le premier pays africain où Volkswagen teste des voitures électriques.

Quatre véhicules électriques de type Golf et une station de recharge sont sur le marché et seize voitures supplémentaires pourraient être mises en circulation, de même que le montage de quinze stations de recharge réparties dans Kigali. Ce projet n’étant pour l’instant qu’à une phase de test, les voitures ne sont pas disponibles à la vente.

Comme on peut le constater, la majorité des pays africains n’est pas encore prête pour faire de la mobilité électrique une réalité concrète pour les populations. Pourtant l’Afrique a besoin de systèmes de transport à faible émission de carbone tels que les voitures électriques, pour réduire la pollution de l’air. Les véhicules électriques réduisent la consommation de combustibles fossiles, principale source de pollution atmosphérique induite par les transports.

On sait qu’un grand nombre de voitures d’occasion circulent sur les routes africaines avec peu ou pas de mécanismes de contrôle des émissions et fonctionnent avec du carburant de mauvaise qualité. L’effet combiné de cette situation est que, dans la plupart des villes africaines, la pollution de l’air est fortement nourrie par les émissions des véhicules à moteur. La plupart des voitures immatriculées en Afrique sont des véhicules d’occasion importés d’Europe, des États-Unis et du Japon, qui utilisent du diesel à haute teneur en soufre. Sans compter que plusieurs pays africains n’imposent aucune restriction d’âge sur les véhicules d’occasion, tandis que certains disposent de législations autorisant l’importation de véhicules vieux de 15 ans.

L’Afrique devrait donc investir dans les infrastructures et la planification des espaces urbains nécessaires pour non seulement commencer sa révolution électrique mais aussi encourager l’utilisation de modes de transport non motorisés tels que le vélo et, de ce fait, réduire les émissions liées aux transports. Opter pour des solutions allant dans le sens de la préservation de l’environnement peut aider à relever les défis environnementaux auxquels le continent sera confronté dans l’avenir.

Boris Karl Ebaka

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