Ciel à Brazza : un vol spécial…

Lundi 7 Janvier 2013 - 11:00

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Présenté trois fois au cours de la dernière édition de Mantsina sur scène, Ciel à Brazza, spectacle singulier, a rencontré un réel succès. Mise en scène par Alexandre Koutchevsky, cette œuvre est le fruit d’une collaboration entre Alexandre Koutchevsky, Nicolas Richard, Dieudonné Niangouna Sylvie Dyclo-Pomos, Aristide Tarnagda. Retour sur ce plan de vol un peu spécial

Ciel à Brazza.Les passagers sont réunis au cercle Sony Labou Tansi et attendent patiemment d’embarquer dans le bus en direction de l’aéroport. La première vague est déjà en route pour l’aéroport international Maya-Maya. Dans le second bus, une comédienne, Sylvie Dyclo-Pomos, rappelle les consignes de sécurité avant d’accéder à l’aéroport : « Pas d’objets tranchants, téléphones éteints, appareil photo interdit, interdiction de fumer… » Mais la liste ne s’arrête pas à ces conformités rudimentaires, et la comédienne sereine continue sa lecture : « Une fois à l’intérieur de l’aéroport, il est interdit d’en ressortir avant 20h 30, ne pas s’éloigner du groupe »

À l’entrée de l’aéroport, tous les passagers sont minutieusement fouillés, comme le sont leurs bagages à main. Puis, ils sont regroupés dans la salle d’embarquement, le temps que l’équipage se prépare à les recevoir.

Première escale, les passagers se retrouvent dans un aérodrome où l’odeur de ronce mêlée à celle du carburant et de tôles rouillées vous envahit d’emblée. Sur ce qui sert d’estrade aux comédiens, un décor sobre composé de la piste d’atterrissage et d’un avion stationné en attente d’un décollage. Six comédiens marchent, courent, sautillent en récitant des bribes de texte. Le spectacle est ponctué de temps à autre par le bruit d’atterrissage et de décollage d’avions. Tout a été concocté de telle sorte que les passagers vivent de façon réelle le théâtre paysage autour et dans l’aéroport.

Une fois douillettement assis sur leurs sièges, ceintures attachées, les passagers s’informent sur l’inaccoutumé itinéraire de leur vol. Très vite, ils se retrouvent devant un hangar, où trois personnages relatent la vie des riverains de l’aéroport : « Pourquoi c’est dangereux de vivre près d’un aéroport ? Pourquoi les gens pensent-ils que ceux qui vivent dans le périmètre de l’aéroport sont plus nantis que les autres alors qu’ils sont peut-être plus en danger ? » Voilà quelques réflexions qui accompagnent les passagers vers une autre destination.

Ciel à Brazza.

Dans un bus qui roule sur le tarmac, les passagers sont cette fois conduits dans une sorte de tunnel. Il fait froid, et un comédien sort du tunnel en égrenant un texte. Spontanément les passagers forment deux rangées, et le comédien se sert du couloir pour sa performance. Un récit toujours en rapport avec le ciel, mais cette fois, on se retrouve à Barcelone avant un tour à Kiev où explose un avion.

De là le metteur en scène nous mène sur un escalator ou un comédien évoque la problématique du visa. Un problème réel auquel beaucoup de voyageurs sont confrontés. Autre étape, celle de la fouille, où des voyageurs se font parfois racketter par des agents malintentionnés en Afrique et au Congo en particulier.

Ainsi, Ciel à Brazza apparaît comme un voyage dans les arcanes des avions, mais aussi des aéroports. Si l’histoire commence à Brazzaville avec le crash du 12 novembre 2012, les passagers sillonnent aussi d’autres cieux agrémentés d’histoires singulières : réminiscences de vacances, rapatriement du corps d’un père, complications pour obtenir un visa…

Le spectacle nous donne accès à la vie d’un aéroport et au-delà. Il évoque non seulement des récits de vie, mais touche aussi à la notion de frontière. « La frontière à l’intérieur d’un pays qui n’est pas la frontière de délimitation par rapport à un autre pays, mais qui est en fait la notion de limitation d’un aéroport », a précisé Dieudonné Niangouna. Une réflexion qui nous renvoie à l’incontestable question de l’humain dans l’urbain.

Annette Kouamba-Matondo

Légendes et crédits photo : 

Ciel à Brazza.