Cinquième édition « Makutano » : Félix Tshisekedi à la rescousse des jeunes entrepreneurs congolais

Samedi 7 Septembre 2019 - 16:26

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Le président de la République a ouvert, le 6 septembre à Kinshasa, le forum annuel qui réunit les experts, les entrepreneurs ainsi que les décideurs publics autour des enjeux économiques et du développement du continent. ​

La présence à la journée inaugurale de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, de l’ex-président du Ghana John Dramani Mahama, de la présidente honoraire du Liberia, Ellen-Johnson Sirleaf, et de la star du football international Samuel Eto’o, aura donné un éclat particulier au forum.

« Booster la croissance et la compétitivité de la RDC, leviers innovants », telle est la thématique autour de laquelle s’est circonscrite la réflexion de la rencontre- la cinquième du genre - qui se donne pour ambition d’interroger le modèle sur lequel le Congo entend s’appuyer pour bâtir son avenir. L’un des moments-clés de la première journée aura sans doute été l’allocution du chef de l'Etat dans laquelle il a égrené sa vision pour son pays qu’il veut voir affranchi des clichés réducteurs et abaissants qui lui sont accolés souvent à tort.

Devant une assistance hétéroclite composée des chefs d’entreprises, des leaders d’opinion ainsi que des acteurs privés et publics représentant l’échantillonnage d’un continent en mouvement, Félix Tshisekedi s’est, d’emblée, livré à un exercice de projection sur la République démocratique du Congo (RDC) « dans une Afrique assise sur l’or et le blé mais paradoxalement toujours à la traîne ».

Evoquant les objectifs du millénaire pour le développement à l’horizon 2015, le continent noir est, de son point de vue, nettement passé à côté, cloitré dans sa pauvreté extrême avec environ 46% de ses citoyens se contentant des revenus inférieurs à 1.25 dollar américain par jour en plus d’une faible productivité.

Seuls deux des objectifs du millénaire ont connu un net succès en Afrique, en l’occurrence l’éducation sociale pour tous incluant la parité et la réduction du taux de prévalence du VIH-sida chez les jeunes, a-t-il fait observer, tout en mettant un bémol, à savoir que « ces avancées ont été rendues possibles grâce à un soutien accru des fonds mondiaux dédiés à ces deux secteurs ».

Choisir un modèle de développement

D’où son exhortation à des questionnements visant à identifier les vraies causes des contre-performances de l’Afrique dans le concert des nations. La RDC n’est pas épargnée de cette asthénie collective qui gangrène le continent. Le pays affiche, d’après Félix Tshisekedi Tshilombo, des résultats du développement globalement inférieurs à la moyenne africaine. Il propose néanmoins une recette pour dénouer le nœud gordien. « L’essor de la RDC, son développement intégral et harmonieux passe inexorablement par la promotion d’un secteur privé performant, responsable et engagé, qui portera l’essentiel des progrès attendus dans tous les secteurs de la société », a-t-il précisé ,avant d’ajouter sur un ton ferme : « Nous devons choisir librement le modèle de développement que nous voulons et nous en approprier pleinement ».

Parlant de la jeunesse congolaise - un véritable levier de développement si elle est bien encadrée -, Félix Tshisekedi a exprimé ses inquiétudes face à l’afflux des jeunes pourtant censés être des forces productrices dans leurs milieux d’origine, vers les grands centres urbains, vidant presque les milieux ruraux. Moralité : la RDC importe aujourd’hui près de 90% des produits de consommation de base alors qu’elle dispose d’atouts en termes de main d’œuvre pour s’autosuffire sur le plan alimentaire. Félix Tshisekedi veut inverser la tendance. Tout un challenge. Sa stratégie est toute simple : améliorer les conditions de vie dans des milieux ruraux à travers des investissements dans le secteur agricole (infrastructures, zones agro-industriels, etc). Il y croit fermement.

Dans le même ordre d’idées, le premier d’entre les Congolais a émis le vœu de voir les fils et filles de la RDC être les premiers concernés en matière d’investissements, un créneau livré à la merci des expatriés qui contrôlent plus de 80 % de l’industrie mais aussi le commerce formel et l’essentiel de l’impôt mobilisé par le pays. Une situation qui, de l'avis de Félix Tshisekedi, traduit l’insuffisance de l’appropriation de l’économie par les nationaux. Loin de remettre en cause la présence des étrangers qui sont les bienvenus en terre congolaise, il en appelle à l’appropriation, par les Congolais eux-mêmes, de leur économie et de leur propre développement.

S’approprier l’économie nationale 

C’est dans ce cadre qu’il faut insérer son sempiternel credo visant la promotion des jeunes entrepreneurs congolais dans toutes les provinces. Un fonds de garantie pour l’entrepreneuriat des jeunes est en cours de création, a-t-il indiqué, toujours obsédé  par le souci de restaurer une classe moyenne en RDC constituée par cette catégorie de la population. Aussi des mesures fortes et incitatives seront-elles prises quant à ce, a-t-il annoncé. « Mon ambition est d’œuvrer pour l’émergence de plusieurs millionnaires congolais », a-t-il révélé sous un flot d’applaudissements. Félix Tshisekedi milite également pour une éclosion des petites et moyennes entreprises ainsi que des petites et moyennes industries à travers le pays pour créer de l'emploi.

Par ailleurs, la relance de la croissance et l’appropriation de l’économie par les Congolais passe, selon lui, par le relèvement d’un triple défi, à savoir celui des capacités, du financement et, surtout, celui lié à la volonté politique d’œuvrer pour l'intérêt de la nation dans un monde ouvert. Il s’agit respectivement ici de multiplier les centres de formation professionnelle pour résorber le déficit en mains d’œuvre qualifiées déploré dans des nombreux secteurs de la vie nationale, de faire de la promotion du capital humain une grande cause nationale, de relever le taux de bancarisation du pays et d’améliorer le climat des affaires. Sur ce dernier sujet, Félix Tshisekedi a rassuré les entrepreneurs de son implication personnelle dans la lutte contre les tracasseries auxquelles ils sont assujettis de la part des services de l’Etat. Et d’annoncer, dans la foulée, la tenue imminente d’une table ronde sur le climat des affaires pour non seulement écouter leurs desiderata mais aussi pour mettre en place des réformes susceptibles d’améliorer le climat des affaires en RDC.

Alain Diasso

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