Comité préparatoire au dialogue : approches divergentes sur la notion d’alternance

Samedi 27 Août 2016 - 16:30

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Le dialogue devra-t-il débattre de l’organisation des élections qui pourront aboutir à l’alternance ou faire carrément de ce concept l’élément-clé des discussions ? C’est sur cette problématique que la réunion préparatoire a achoppé, faute d’un compromis.  

Les choses se précisent de plus en plus pour la tenue du dialogue. Ce forum présenté comme une panacée à la crise politique congolaise aura bel et bien lieu, quitte à en fixer le lieu et la date. Néanmoins, tous les contours qui y sont liés en terme organisationnel ont été passés à la loupe par les participants au comité préparatoire. En deux jours de travail, ils ont produit une feuille de route qui donne des indications notamment sur la nature, le format et le contenu des assises. C’est le 25 août que la facilitation a porté ce document à la connaissance du public. D’emblée, il y a lieu de noter l‘absence de consensus ayant sanctionné le débat de fond engagé entre l’opposition et la majorité au sujet du concept de l’alternance.

Les discussions auraient achoppé sur ce point précis au regard des divergences d’approche développées par les deux parties, l’une estimant qu’il faille impérativement discuter de l’alternance, le président de la République actuel étant arrivé fin mandat, et l‘autre faisant de l’organisation des élections le contenu-clé du dialogue. C’est donc sur des bases de divergence quant au contenu à donner à l‘alternance qu’opposition et majorité vont aller au dialogue avec le risque d’enlisement sur fond des discussions stériles entre, d’un côté, ceux qui aspirent à prendre démocratiquement le pouvoir et  à l’exercer et, de l’autre, ceux qui veulent le conserver contre vents et marées.

Toutefois, le point 4 du document paraît apporter, du moins en partie, un brin de réponse à la problématique soulevée. Il y est fait état de la nécessite d’un accord politique et des mécanismes de sa mise en œuvre comme une thématique importante à débattre au dialogue. Ce qui inévitablement devra donner lieu à un débat de fond sur la manière d’assurer la continuité de l’État au cas où l’élection présidentielle ne se tiendra pas selon les délais de la Constitution. Là-dessus, d’aucuns pensent que, sans l’acter explicitement, il s’agit là d’une porte ouverte vers la perspective d’une transition politique qui ne dit pas son nom.

Concernant le format du dialogue en lui-même, le comité préparatoire a fixé le nombre des participants à deux cent en raison de soixante-huit délégués pour la majorité présidentielle, soixante-huit pour l’opposition, trente-neuf pour la société civile et vingt-cinq pour les personnalités. Cependant, un consensus s’est dégagé sur la représentativité des femmes, des jeunes et des élus. Le facilitateur a été chargé de veiller au respect de cette donne auprès des différentes parties.

Si pour certains, le nombre de deux cents participants fait jaser avec toute la logistique qui va avec, sans oublier la tendance des Congolais à tirer  inutilement les choses en longueur pour un dialogue censé durer deux semaines, d’autres s’interrogent sur la pertinence de la composante « Personnalités ». Bien qu’il s’agisse ici principalement des professeurs d’université et des serviteurs de Dieu connus pour leur probité morale, une certaine opinion y décèle une volonté de tricherie de la part du gouvernement qui, à l’instar de ce qu’il a réussi dans la société civile, pourrait injecter ses hommes dans le dessein inavoué de produire des résolutions taillées sur mesure.                

Toutefois, une chose rassure les sceptiques. C’est le fait que le cadre du dialogue n’est plus fondé sur l’ordonnance présidentielle le convoquant mais bien sur la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies qui prône le respect du délai constitutionnel. Le principe d’un dialogue inclusif a, par ailleurs, été réaffirmé dans le respect de la Constitution comme principe conducteur de ce forum et des instruments juridiques internationaux en la matière.       

Alain Diasso

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