Commémoration : Katumba Mwanke s’exprime

Mercredi 12 Février 2014 - 17:26

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Sa famille biologique et politique a respecté une fois encore la tradition de se remémorer de la tragique disparition de ce proche collaborateur du président Joseph Kabila dans un crash d’avion le 12 février à Bukavu, mais cette fois la cérémonie a connu plusieurs temps forts, notamment la publication à titre posthume de son livre autobiographique « Ma vérité ».

Après des années de silence, l’homme réputé pour son austérité a fini par dévoiler une autre facette inconnue, du moins se préparait-il à le faire lorsque la mort l’a arraché à l’affection des siens. Augustin Katumba Mwanke était un homme très pratique, effacé mais efficace. Selon un de ses amis, le Pr Philippe Biyoya, il lui manquait parfois de méthodologie de travail, il était très fragile mais il avait des objectifs à atteindre. "Il ne travaillait pas par hasard. Tout avait une finalité pour lui". Il inscrivait ses actions par rapport à un espace, un théâtre et un temps. "Il termine son livre par des angoisses, des questions sur ce que doit être le Congo, le Katanga, etc.". Pour le Pr Lumanu, l’homme a bien évolué dans son comportement. Il a compris l’intérêt de parler, après les propos malveillants et même les injures proférées contre sa personne. Tout au long de sa carrière politique, Augustin Katumba témoignait d’une loyauté indéfectible pour le président de la République, d’un désintéressement et d’un sens du réel et de l’équité, a-t-il poursuivi. Lors des tractations à l’étranger pour le retour de la paix, il n’était préoccupé que par le maintien du président Kabila au sommet, la consolidation de sa stature et le renforcement de son pouvoir, a renchéri Olivier Kamitatu dans un discours lu par le vice-président de son parti ARC, Nkonde Vila Kikanda. Le président de l’ARC a reconnu les relations difficiles avec le disparu, après qu’il a décidé de quitter le Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, et de créer son propre parti.

Tous les exposés à la fois très personnels, politiques et et scientifiques de ces intervenants, et d’autres qui ont suivi, notamment ceux des Prs Kambayi Bwasthia et Espérance Bayedila, ont tourné autour d’un thème central : "Le primat de la politique face aux exigences de la vérité". Un pari risqué, d’autant que cette thématique est très embarrassante, a reconnu un intervenant. Selon lui, la politique et la vérité ne font pas bon ménage. L’univers politique a ses règles, tout comme les autres univers formant les différents microcosmes de la société. Il est régi par ses règles, accessibles qu’aux seuls initiés. Il faut être dans le monde politique pour arriver à le juger.

Et la conclusion des intervenants : chaque univers a sa propre vérité. "Peu de gens sont capables de parler vrai, car dire la vérité les maintient en danger de la vindicte des foules qui se gavent d’hypocrisie et de mensonge. Il faut être bien fort pour entendre la vérité sur soi, sur l’homme, sur le monde. La plupart des hommes sont bien trop faibles pour pouvoir l’accepter", a expliqué le secrétaire général du PPRD, Évariste Boshab. Il a fait remarquer que la vérité reste une notion relative. Du disparu, Evariste Boshab a retenu son livre autobiographique "Ma vérité" comme son testament. Il s’agit bien de sa vérité. Par devoir de mémoire, plusieurs de ses amis ont annoncé la création du Centre d’études stratégiques. Ce dernier produira de l’intelligence stratégique. À en croire Philippe Biyoya, le centre a déjà des promesses de fonctionnement. Albert Yuma, président de la FEC, a mis à sa disposition des moyens. Deux éminents professeurs vont l’animer. L’idée est d’aider les politiques en leur fournissant l’intelligence stratégique nécessaire à la prise de décision dans une sous-région en mutation.

Laurent Essolomwa