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Comment donner vie au Fonds bleu pour le Bassin du Congo ?

Lundi 21 Mai 2018 - 18:36

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Les institutions internationales regroupant par définition un nombre plus ou moins grand de pays ne sont jamais faciles à créer, puis à gouverner. Et c’est pourquoi, entre le moment où jaillit l’idée de leur donner naissance et le moment où elles deviennent une réalité tangible, de longs mois, voire même de longues années s’écoulent qui finissent souvent par semer le doute sur leur concrétisation.

Lancé il y a dix-huit mois lors de la COP 22 à Marrakech, au Maroc, par le président Denis Sassou N’Guesso, puis porté sur les fonts baptismaux lors de la Conférence d’Oyo, en mars 2017, avant d’être confirmé au terme du Sommet sur le climat qui s’est tenu à Brazzaville, il y a un mois, le Fonds bleu pour le Bassin du Congo risque fort de rester durablement une idée noble, mais dépourvue de bases concrètes. C’est en tout cas ce que pensent nombre d’observateurs présents au Centre de conférence de Kintélé, les 28 et 29 avril derniers, qui ont assisté aux débats devant conduire à la création de l’institution.

Au cœur de ce scepticisme, formulé de façon diplomatique  cela va de soi mais traduit ici même en termes très directs, figurent deux constats que l’on peut ainsi résumer :

° Premier constat : la moitié seulement des Etats de la région du Bassin du Congo, qui en réalité en compte douze, ont signé le protocole instituant la Commission du Bassin du Congo qui, elle-même, devra concrétiser ce grand projet. Seuls l’Angola, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République Centrafricaine, le Rwanda, auxquels s’ajoutait la puissance extérieure à l’Afrique centrale qu’est le Royaume du Maroc, ont apposé leur signature au bas de ce document fondateur.

° Deuxième constat : la République démocratique du Congo, qui occupe près du tiers de l’espace sous-régional concerné, où vit plus du quart de sa population et qui détient les plus vastes ressources naturelles du Bassin du Congo, a refusé de signer ce même protocole. Sans doute ses dirigeants n’ont-ils pas encore pris la mesure du formidable enjeu que représente le Fonds bleu pour cette partie de l’Afrique, mais cette absence décrédibilise par avance la future institution qui permettra de le relever.

A ce point du raisonnement et tandis que le Congo s’emploie à résoudre ces deux problèmes par la voie diplomatique – ce qui arrivera sans aucun doute étant donné l’engagement personnel de Denis Sassou N’Guesso –, il nous semble évident que les futurs acteurs du Fonds bleu doivent se mobiliser dès à présent  pour anticiper le mouvement qui donnera vie à cette grande et belle institution. Et parmi eux, figurent en très bonne place les personnalités et les entreprises, africaines ou autres, qui ont une réelle conscience de l’enjeu planétaire que constitue la création du Fonds bleu mais qui ont également le savoir-faire comme les moyens techniques ou financiers capables d’aider à sa concrétisation rapide.

Dans le même temps, donc, où les autorités congolaises et leurs partenaires de la sous-région d’Afrique centrale s’emploient, non sans mal, à donner vie à l’institution qui aura pour mission de créer, puis de piloter le Fonds bleu, ces acteurs de la société civile doivent agir sans attendre dans les différents domaines de compétences qui sont les leurs.

Qu’il s’agisse de la création de petits barrages sur les rivières pour produire l’électricité locale, de la protection des tourbières et des forêts, de la mise en valeur des terres arables et des étangs, de la création des ranchs où seront élevés les vaches et les bœufs, de l’édification des laiteries et des abattoirs, de la mise en place des réseaux permettant l’acheminement des produits agricoles vers les grandes cités et les pays étrangers, la liste est longue, très longue des activités qui peuvent être lancées dès à présent et qui feront demain du Fonds bleu un modèle écologique à l’échelle du monde.

Pourquoi donc attendre ?

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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