Communauté noire de France : le CRAN s’internationalise en Afrique pour ses dix ans

Vendredi 23 Janvier 2015 - 16:00

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À l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse, Louis-Georges Tin, Président du Conseil représentatif des organisations noires de France (CRAN), a dévoilé le 22 janvier à l'assemblée nationale, le programme d’activité du mouvement associatif pour 2015, qui marque sa 10ème année d’existence.

Le CRAN se lance sur plusieurs chantiers de mobilisation pour 2015. En février l’association va réclamer à la ministre de la Justice française, Christiane Taubira, la mise sur pied d’une commission vérité et justice destinée à réexaminer les crimes coloniaux commis par la France. En mars, c’est le lancement d’une campagne mettant en exergue les  aspects raciaux de la guerre contre les drogues, qui sera initiée par le CRAN. En septembre, l’association amorcera un débat sur les discriminations à l’école, intitulé « La fabrique du destin ».  Le CRAN s’appuiera sur une étude sociologique visant à observer vers quelle filière scolaire sont orientés les élèves français ayant 9 de moyenne en classe de 3ème en fonction de leur origine ethnique. Le premier ministre français Manuel Valls, longtemps élu dans la ville à forte population d’origine étrangère, d’Evry en région parisienne, avait appelé le 20 janvier lors de ses vœux à la presse la classe politique française à regarder la réalité de leur pays: « la relégation périurbaine, les ghettos, ce que j'évoquais en 2005 déjà, un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays, la misère sociale, auxquels s'additionnent les discriminations quotidiennes, parce que l'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau ». Réagissant à ces propos, Louis-Georges Tin a confirmé l’existence d’une « logique d’apartheid  et de ghetto ethnique et social » dans le domaine scolaire. Certains lycées professionnels de l’hexagone accueillant uniquement des élèves noirs et arabes : « les fils d’ouvriers et le fils de cadres ne font pas les mêmes études mais les fils d’ouvrier blancs et les fils d’ouvrier noirs ne vont pas non plus dans les mêmes filières » a affirmé le président du CRAN.

Le mouvement associatif poursuivra son action sur le front des demandes de réparations financières pour les préjudices causés lors de l’histoire coloniale de la France en lien avec le CARICOM qui regroupe les Etats caribéens et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). Deux actions judiciaires ont été initiées en 2014 contre la Caisse des dépôts et des consignations, un organisme de financement public qui avait perçu les sommes exigées d’Haïti lors de son accession à l’indépendance, et la Société Spie Batignolles, responsable de la construction du CFCO. De nouveaux procès pourraient être annoncés en mai.

En Juin, le CRAN se mobilisera contre les prix jugés excessifs des billets d’avion à destination de l’Afrique et des DOM qui pénalisent les français originaires de ces zones. En décembre, l’association publiera un baromètre des plus grandes entreprises privées françaises afin d’évaluer la mise en place de plans anti-discrimination.

Le CRAN va également s’internationaliser et devenir une fédération internationale d’associations. Fin janvier, les CRAN Bénin, Gabon, et Sénégal verront le jour, suivis par sept autre pays. Chaque antenne nationale aura un axe de travail propre : les questions de gouvernance pour le Gabon, les relations entre populations à peau noire et arabes pour le Maroc, travail de mémoire, santé et développement pour le Sénégal. L’association a également été approchée pour être la représentation en France de la Rainbow coalition du Révérend Jesse Jackson,  ancien poulain de Martin Luther King Jr.

Razzy Hammadi, député socialiste en Seine-Saint-Denis, présent lors de la conférence de presse, a annoncé la création prochaine d’un centre des cultures africaines pour le Grand Paris. « Il est assez inconcevable qu’il n’y ait pas de lieu dédié à la production, à la création et à la diffusion des cultures africaines. On ne peut pas limiter la culture africaine au Musée des arts premiers ! » a-t-il déclaré. 

Rose-Marie Bouboutou