Communauté urbaine de Loukolela : Monique Mouko inquiète de l’abandon des projets de la municipalisation

Mardi 28 Juillet 2015 - 20:30

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Plusieurs projets d’intérêt communautaire ont été inscrits à Loukolela dans le cadre de la municipalisation accélérée du département de la Cuvette en 2007. Aujourd’hui, près de 8 ans après, bon nombre d’entre eux sont restés inachevés. De passage à Brazzaville, l’administrateur-maire de cette communauté urbaine, Monique Mouko, dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzavile plaidé pour la finalisation de tous ces projets.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Quelles ont été les premières préoccupations auquelles vous avez fait face après votre prise de fonctions en 2011 ?

Monique Mouko (MM) : Ma première préoccupation était l’assainissement parce que nous avions trouvé la ville abandonnée alors que nous avons un marché forain  qui se tient tous les 15 jours. Comme là où il y a le marché, il y a toujours des ordures, nous nous sommes mis à collecter les ordures en plaçant une dizaine de bacs à ordures dans la ville. Nous avons également pu acheter, avec les fonds qui nous ont été alloués, un véhicule BJ et un motocycle. Nous avons ensuite crée des espaces verts pour nous occuper des jeunes. Loukolela a une population très jeune, il y a une forte natalité. Les femmes ont pour la pluprt en moyenne huit enfants chacune. Cette population en majorité jeune est désœuvrée, en dehors de l’école, elle n’a pas beaucoup de loisirs.

Nous avons été préoccupé de cette situation dès notre arrivée parce que les jeunes s’adonnaient à la boisson, aux jeux de carte et aux danses un peu obscènes. Pour les occuper, nous avons créé six équipes de football des jeunes en leur dotant des ballons avant d’organiser des compétitions. Nous organisons également des causeries-débat lors des journées internationales pour l’éducation des femmes sur par exemple les problèmes de la natalité, d’hygiène, ainsi que la collecte des ordures ménagères. Etant donné que nos missions concernent aussi l’urbanisme, nous avons fait appel au cadastre pour le lotissement de la ville. Actuellement, nous sommes en train de redresser les ruelles avec l’apport de la population, en procédant parfois au dédommagement des gens situés au bord de l’avenue principale.

LDB : Pouvez-vous nous parler de la situation socio-sanitaire de votre ville quand nous savons  qu’elle est en proie à un fort taux de natalité ?

MM : Merci, Monsieur le journaliste ! En ce qui concerne les structures sanitaires, nous avons un Centre de santé intégré (CSI), tenu par un médecin. C’est une bonne chose parce qu’à l’époque lorsqu’il n’y avait pas de médecin, les malades étaient soit transportés à Mossaka, soit à Loukolela RDC. Aujourd’hui, nous avons un médecin sur place, une sage-femme et des infirmiers qui s’occupent de la santé de la population. Mais il manque souvent les médicaments et surtout la banque de sang parce que notre médecin est un généraliste qui fait également de la chirurgie.  Lors de la municipalisation accélérée, il y a des bâtiments qui devraient être construits pour ce CSI, malheureusement nous avons connu beaucoup de défaillance concernant les projets. Par exemple, la maison qui a été destinée à la maternité et celle des agents de santé ne sont pas finies jusqu’aujourd’hui.

S’agissant de la scolarité, nous avons deux écoles primaires à Loukolela et un Collège d’enseignement général. Chacune des deux écoles primaires a environ 800 élèves. La situation à ce niveau est catastrophique. Pendant la municipalisation, il y avait également des bâtiments qui avaient été prévus, malheureusement là aussi ils ont été abandonnés par les opérateurs économiques. Les salles sont pléthoriques, nous avons donc des problèmes de bâtiments et ceux des enseignants. Chacune des deux écoles primaires dispose de dix salles de classe pour deux enseignants, ce qui signifie que les autres salles n’ont  pas d’instituteurs. C’est pourquoi nous avons recruté huit vacataires dans chaque école primaire. Ce sont les parents d’élèves qui supportent la charge de ces vacataires. Mais il faut savoir que lorsqu’on recrute les enseignants dans un village, ce sont des gens non formés qui apprennent sur le tas.  Nous avons des salles contenant plus de cent enfants qui sont tenus par les personnes non qualifiées. La situation est donc dramatique.

Le même constat est réalisé au niveau du collège où les bâtiments construits dans le cadre de la municipalisation accélérée sont inachevés. Pas d’enseignants de Mathématiques, d’Anglais, de sciences physiques, en tout cas les choses ne marchent pas. Quand les enfants évoluent sans enseignants, le niveau est très bas. Nous ne sommes pas surpris que 100 candidats présentés au Brevet d’études du premier cycle, il y a parfois six admis seulement, comme ce fut le cas l’année dernière.

LDB : Quelle démarche avez-vous entreprise envers les autorités compétentes pour relever ces défis?

MM : Nous interpelons la hiérarchie, notamment les autorités en charge de l’éducation nationale, même les rapports nous les envoyons, mais on nous répond que c’est une situation nationale.

LDB : Quels sont vos projets à court et moyens termes ?

MM : Poursuivre la politique d’urbanisation, car nous voulons avoir un plan cadastral  pour la ville de Loukolela. C’est pourquoi, nous avons demandé aux personnels du cadastre de venir tracer le schéma, ils ont commencé par redresser une partie, il reste le plan cadastral de la ville. Nous avons entrepris aussi quelques projets économiques comme la briqueterie pour donner aux gens la possibilité de passer des maisons en terre battue en maisons en brique cuite. Cette briqueterie fonctionne depuis cinq mois.

LDB : Avez-vous un appel à lancer à l’endroit des autorités ?

MM : Vous savez, l’Etat a sorti beaucoup d’argent pour la municipalisation accélérée du département de la Cuvette. Il y a des fonds qui avaient été alloués aux opérateurs économiques, nous demandons la finition des travaux des bâtiments inachevés. Il s’agit notamment des écoles, de l’hôpital, de la police qui est actuellement logée dans le bâtiment de la poste, ainsi que la résidence de l’administrateur-maire. La résidence de l’administrateur-maire n’est pas non plus finie. Nous demandons que l’on regarde le problème de tous ces bâtiments dont les opérateurs économiques ont déjà perçu de l’argent.

 Sur une population de 5 000 habitants, nous n’avons pas d'eau potable ni d'électricité alors que pendant la municipalisation on a construit des bâtiments et les réseaux hydro-électriques, mais jusqu’aujourd’hui, rien n’est fait. Donc les attentes de la population c’est l’eau potable, le courant, la santé, l’éducation. Nous demandons que tous les projets qui ont été pris en compte dans le cadre de la municipalisation puissent finir.

LDB : Est-ce que la forte communauté étrangère présente dans la localité pose parfois les problèmes d’insécurité ?

MM : Non ! Il n’y a pas de problèmes d’insécurité. Je vous ai dit tantôt que Loukolela est une localité frontalière à la RDC, donc nous avons l’habitude de recevoir les étrangers, il y a une intégration. Ces personnes sont vraiment intégrées et nous travaillons ensemble pour qu’il y ait harmonie. Que ce soit les ressortissants rwandais ou de la RDC, il y a le HCR qui vient de temps en temps surtout en cas de problème.

LDB : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

MM : Je suis licenciée en sciences économiques, détentrice du master II en technique de gestion et de direction (actuellement management) obtenu en France. Sur le plan administratif, je suis inspectrice générale des Postes et télécommunications, ancienne directrice financière, comptable et des ressources humaines de l’ONPTT, et auditrice principale au sein de la même société.

Propos recueillis par Guy G. Kitina Parfait W. Douniama

Légendes et crédits photo : 

Monique Mouko répondant aux questions des Dépêches de Brazzaville; crédit photo Adiac

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