Conférence scientifique : le code épistémo-éthique des Mbosi de la République du Congo au centre des débats

Mardi 22 Septembre 2020 - 18:00

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La troisième conférence de la série des 140 ans des Traités Brazza-Makoko, organisée par le Mémorial Pierre-Savorgnan- De Brazza en partenariat avec l’Université Marien- Ngouabi, a porté sur le thème « Le code épistémo-éthique des Mbosi de la République du Congo : Invariants, menaces et perspectives ».

D’entrée de jeu, la directrice générale du Mémorial Pierre-Savorgnan- De- Brazza, Bélinda Ayessa, a salué l’initiative que le conférencier du jour, le Pr Didier Ngalebaye, maître de conférences à l’Université Marien Ngouabi a eue d’engager cette cogitation. « Votre démarche, professeur, est d’autant plus appréciable qu’elle se donne pour objectif de déboucher sur une réflexion liée au nécessaire questionnement sur le rapport entre intellectuels et le groupe ethnique Mbosi. Cette thématique, vous vous en doutez bien, va susciter chez les novices en épistemo-éthique, que nous sommes, un grand intérêt. Nous souhaitons, donc, impatiemment que vous puissiez éclairer nos lanternes sur cette vaste question, ô combien importante », a déclaré Bélinda Ayessa.

Dans son exposé modéré par le Pr Joseph Zidi, maître de conférences CAMES d’histoire, le Pr Didier Ngalebaye, a souligné que le schéma mondial de la quête du Vrai est ici appliqué au cas du patrimoine culturel de la République du Congo, qui comprend une soixantaine de communautés ethniques, que l’on peut regrouper en cinq principales aires culturelles, groupes démolinguistiques ou code épistémo-éthique, en combinant le critère linguistique avec le critère anthropo-sociologique, pour obtenir : le groupe Koongo, le groupe Téké, le groupe Mbosi, le groupe Sangha-likouala et le groupe autochtone.

« Notre analyse critique et prospective du code épistémo-éthique des Mbosi du Congo a consisté à vérifier le type de rapport conceptuel que la prétention de ses acteurs au double ancrage, à la fois dans la tradition et la modernité, entretiendrait avec la possibilité d’une contradiction historique, au regard du fait qu’il continue à se réclamer de leur patrimoine culturel, tout en étant bien souvent réellement sortis du cercle de cendre soigneusement tracé à cet effet », a déclaré le Pr Didier Ngalebaye.

En effet, poursuit-il, le traitement épistémo-éthique des trois hypothèses ayant orienté sa réflexion permet d’en tirer les résultats ci-après : “Ondinga”, Otwere et leurs piliers mystiques de souveraineté : “Lefourou”, “Ikangué”, “Opangue” et “Okweme”, demeurent les invariants du code épistémo-éthique des Mbosi aujourd’hui, ne serait-ce qu’à titre de référentiel culturel, anthropo-sociologiquement motivé.

Secundo, l’absence du développement de la culture de confiance en soi, au profit de celle d’importation ivre de modèles étrangers, dont le code de manipulation n’est pas toujours maîtrisé, fait vaciller désormais le rapport des acteurs aux recommandations du code épistémo-éthique des Mbosi, au point où, en campagne comme en ville, l’intégrité du code est mise à rude épreuve, beaucoup plus, par les politiciens, et autres quêteurs de raccourcis existentiels qui, arguant sur leur position de « Pouvoir d’Etat et/ou d’argent », travaillent activement à mettre le code au service de leurs ambitions intéressées.

Tercio, le code épistémo-éthique des Mbosi, évalué critico-prospectivement, serait un puissant et durable instrument de lutte contre les antivaleurs, qui retardent le développement de la société congolaise contemporaine. Ce qui est dit du code épistémo-éthique de la communauté des Mbosi du Congo d’aujourd’hui, pourrait l’être aussi pour les groupes démolinguistiques Koongo, Téké, Sangha-likouala et Autochtones.

Au milieu, il est nécessaire et urgent d’organiser une évaluation épistémo-éthique nationale des patrimoines culturels congolais, par secteur d’activités nationales, afin de ressortir successivement les réponses que la société congolaise anticoloniale, coloniale et postcoloniale aurait construite aux problèmes actuels, de façon à faire des projections de modèles de gouvernance sectorielle performative, dont le gouvernement de la République transformerait les  recommandations en lois sectorielles de programmation du développement, et  pouvoir travailler, enfin, au développement du pays, partant des recettes endogènes, dans l’autonomie, la dignité et l’honneur.

Pour le Pr Didier Ngalebaye, cette approche devrait désencombrer l’appareil d’État hérité du colonisateur, et libérer le projet de construction de la Nation congolaise, jusqu’ici enlisé dans des considérations ethnocentristes, sans avenir, en mettant à contribution les armes de l’inter-trans-culturalité.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : le conférencier et le modérateur (crédit photo/ DR) Photo 2 : les professeurs conférenciers posant avec la directrice générale du Mémorial Pierre Savorgnan De Brazza (crédit photo/ DR)

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