Conflits intercommunautaires : l’association « Jeunesse montante » tire la sonnette d’alarme

Mercredi 22 Février 2017 - 17:09

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 La structure associative exhorte à une prise de conscience réelle sur la problématique des frustrations sociales qui gangrènent l’espace sociopolitique congolais.

 

Les discussions en cours au Centre interdiocésain autour de l’arrangement particulier censé fixer les modalités pratiques quant à la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre n’auraient pas touché le fond du problème, à en croire Jacques Dionzensu, membre actif du collectif « Jeunesse montante », un mouvement socioculturel créé dans le seul objectif de sauvegarder les valeurs d’unité et de cohésion nationale. S’exprimant dans le cadre d’une rencontre que son association a organisé le 19 février avec la jeunesse de la commune de Ngaliema, cet activiste a estimé que les participants ont éludé les tensions sociales qui sévissent à l’heure actuelle dans plusieurs coins du pays sur fond des conflits interethniques. Une situation qui, à l’en croire, annihile tout effort d’émancipation de la RDC en tant que nation. Profitant de l’occasion, le secrétaire général de « Jeunesse montante » en a profité pour évoquer justement cette résurgence des tensions communautaires qui, de son point de vue, constituent un danger susceptible de saper les fondements d’un pays uni avec, en partage, l’idéal du vivre ensemble collectif.  

Dans son analyse, l’orateur a ciblé la marginalisation des communautés entières au profit d’autres dans la gestion de la res publica - alors qu’elles ont les mêmes droits - comme l’une des causes de frustration à la base des tensions sociales observées ces derniers temps. Le discours xénophobe et séparatiste développé ces derniers temps par le chef spirituel de Bundu Dia Kongo Ne Mwanda Nsemi brandissant le spectre de l’autonomie du Kongo central serait, d’après lui, la résultante des frustrations mal contenues. Jacques Dionzensu pense que les revendications de cette secte magico-spirituelle sont à prendre au sérieux car révélatrices des rancœurs mal dissimulés. «Avec sa mosaïque des tribus et d’ethnies, la RDC, dans sa complexité, gagnerait beaucoup en embrayant sur le clavier de l’unité nationale qui, malheureusement, tend à se diluer dans les méandres des intérêts politiques », a-t-il indiqué tout en évoquant la révolte des Batetela, la première insurrection armée menée par les soldats Ngwandi dans les années soixante.

Ouvrant une brèche sur l’épisode de la chasse des officiers ressortissants de l’Équateur peu après l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) à Kinshasa, il s’est longuement attardé sur les déboires que plusieurs ex-FAZ avaient connus à l’époque à la suite de leur refus de rallier ces forces révolutionnaires vers les années 1997. Dans la foulée, l’orateur a égrené les souvenirs d’une certaine Lisa Ebolu interpellée fin janvier 2017 en confusion avec sa sœur Gloria Ebulu pour propos subversifs au sujet des évènements de février 2011. « Aujourd’hui, le commandant responsable du dossier exige la comparution de Gloria, auteur desdits propos, avant de remettre dans les airs sa sœur Lisa emprisonnée à son lieu et place », ajoute Jacques Dionzensu. Pour lui,  les origines équatoriennes de ces deux filles issues d’un même géniteur, un ancien ex-FAZ auront motivé l’action judiciaire enclenchée contre elles.

Des faits de cette nature qui trahissent la fragilité de la cohésion nationale sacrifiée sur l’autel des considérations ethniques sont légion, a-t-il martelé tout en précisant que « les foyers de frustration couvent encore un peu partout dans le pays assortis des revendications politiques ». À cela s’ajoutent les conflits des terres opposant des communautés diverses qui, d’après lui, refusent de coexister avec le risque de voir les antagonismes prendre du relief et mettre en mal les institutions. Pour endiguer ce fléau, Jacques Dionzensu pense qu’une attention particulière devra dorénavant être accordée à la question des frustrations sociales qui gangrène l’espace politique congolais. « Il est plus que temps de mobiliser l’impératif de l’unité nationale pour permettre au pays de retrouver ses marques en tant qu’une nation qui compte », a-t-il conclu. 

 

Alain Diasso

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